Sujet : L’interprétation chez les Salafs
Dans le chapitre d’Exégèse (Tafsîr) de son recueil de hadîth, l’Imam Al-Boukhâri a dit au sujet du verset 88 de Soûrat Al-Qasas :
«{كُلُّ شَىءٍ هَالِكٌ إِلَّا وَجهَهُ}: إِلَّا مُلكَهُ ، ويقال: إلا ما أريد به وجه الله »
« {koullou chay-in hâlikoun illâ wajhah} ce qui signifie : {Tout sera détruit sauf Son wajh} [c’est-à-dire] : Sauf Sa souveraineté (illâ moulkah) ; et il est dit aussi : sauf ce par quoi l’on recherche l’agrément de Allâh »
Informations utiles :
– L’Imâm, le Chaykh des Mouhaddith Aboû ‘Abdi l-Lâh Mouhammad Ibnou Ismâ’îl Al-Boukhâri, l’auteur du célèbre « Sahîh » connu comme étant le livre le plus authentique après le Qour-ân, est né en 194 et il est décédé en 256 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 1175 ans. Il est une référence incontournable dans la science du hadîth. Consultez sa biographie : ici.
– Ici, il explique que le mot « wajh » dans ce verset signifie « al-moulk » (la souveraineté). Ceci nous démontre que les savants du Salaf avaient quelquefois recourt à l’interprétation (ta-wîl). Ce verset signifie donc selon l’explication de l’Imâm Al-Boukhâri : {Tout sera détruit sauf Sa souveraineté}.
– Cette interprétation de l’Imâm Al-Boukhâri, est donc bien présente dans son ouvrage et elle a été confirmée par les grands savants du passé, notamment ceux qui ont commenté le sahîh de l’Imâm Al-Boukhâri.
- L’Imâm Ibnou Hajar (m.852 H.) a dit : « {koullou chay-in hâlikoun illâ wajhah} ce qui signifie : {Tout sera détruit sauf Son wajh} [c’est-à-dire] : Sauf Sa souveraineté (illâ moulkah)» [Fath Al-Bârî bi Charhi Sahîh Al-Boukhâri]
- L’Imâm Badrou d-Dîn Al-‘Ayni (m.855 H.) a dit : « Il (c’est-à-dire l’Imâm Al-Boukhâri) a interprété « al-wajh » par « al-moulk » (la souveraineté) » [‘Oumdatou l-Qâri]
- L’Imâm Al-Qastallâni a dit (m.923 H.) a dit : « {koullou chay-in hâlikoun illâ wajhah} [ce qui signifie : {Tout sera détruit sauf Son wajh}] c’est-à-dire : Sauf Sa souveraineté (illâ moulkah)» [Irchâdou s-Sârî Charh Sahîh Al-Boukhâri]
- L’Imâm Al-Baghâwi mentionne cette interprétation en disant : « Il a été dit : sauf Sa souveraineté (Illâ moulkah) ». [Dans son Tafsîr]
- L’Imâm Aboû Hayyân Al-Andalouçi mentionne aussi cette interprétation en disant : « Il a été dit : Sa souveraineté (moulkouh) » [Dans son tafsîr]
- Et d’autres encore.
– Ensuite l’Imâm Al-Boukhâri donne une seconde interprétation valable pour ce verset. Il explique que le terme « wajh » dans ce verset peut désigner « ce par quoi on recherche l’agrément de Allâh ».
– Cette interprétation a également été donnée par :
- Le compagnon Ibnou l-‘Abbâs [Rapporté par As-Souyoûti],
- Le Tâbi’i Abou l-‘Âliyah [Rapporté par Al-Baghawi dans son tafsîr],
- Le Tâbi’i Moujâhid [Rapporté par As-Souyoûti],
- L’Imâm Soufyân Ath-Thawri [Rapporté par Al-Bayhaqi],
- Le Moufassir Al-Khâzin [Dans son tafsîr],
- Et bien d’autres.
– D’autres savants encore ont expliqué que « wajh » signifie ici l’Être de Allâh, c’est-à-dire Allâh lui-même. Cette interprétation a été donnée par :
- Le Moufassir Ad-Dahhâk [rapporté par Ibnou l-Jawzi],
- Le Moufassir Aboû ‘Oubaydah [rapporté par Ibnou l-Jawzi],
- L’Imâm At-Tabari [rapporté par Ath-Tha’âlibi],
- L’Imâm Az-Zajjâj [Ma’âni Al-Qour-ân],
- L’Imâm Al-Jouwayni [rapporté par Ath-Tha’âlibi],
- L’Imâm Al-Baghawi [dans son tafsîr],
- L’Imâm Ibnou l-Jawzi [Daf’ou Choubahi t-Tachbîh],
- Le Moufassir Ath-Tha’âlibi [dans son tafsîr],
- Chaykh Al-Islâm Zakariyyâ Al-Ansâri [Dans son charh de « Ar-Riçâlatou l-Qouchayriyyah »],
- Et beaucoup d’autres .
– Le mot « wajh » dans la langue arabe a plusieurs sens, et son sens premier est « visage » ou « face ». Mais ce n’est pas ce sens qui est retenu lorsqu’il est attribué à Allâh. Car Allâh n’est pas composé de partie, Il n’est pas un corps et Il n’a ni membre, ni organe.
- L’Imâm Al-Bayhaqi a dit : « Son « wajh » n’est pas une image [un visage] » [Al-Asmâ-ou wa s-Sifât].
- Chaykh Al-Islâm Zakariyyâ Al-Ansâri a dit : « Allâh ta’âlâ dit : {Koullou chay-in hâlikoun illâ Wajhah} [ce qui signifie : « Tout disparaîtra sauf Son Wajh »], cela n’est pas dans le sens de l’organe (du visage) » [Dans son charh de « Ar-Riçâlatou l-Qouchayriyyah »].
- L’Imâm Ach-Chahrastâni a dit que le fait de prendre le terme wajh, dans ce type de verset, selon le sens apparent, c’est-à-dire selon le sens du corps est la voie des moujassimah (corporalistes) [Dans son livre « Al-Milal wa n-Nihal »]. Et il dit également que certains savants ne traduisaient pas ce terme dans les autres langues pour éviter des mauvaises compréhensions, alors ils se contentaient de le citer en arabe [Dans son livre « Al-Milal wa n-Nihal »].
- Le Chaykh Ibn Hajar Al-Haytami a dit au sujet des versets équivoques (moutachâbihah) comme le verset {وَيَبْقَى وَجْهُ رَبِّكَ} « wa yabqâ wajhou rabbik » : « Le sens voulu n’est pas le sens apparent, du fait de l’impossibilité de l’attribuer à Allâh, Qui est totalement exempt de ce que disent les injustes et les mécréants » puis il explique les deux voies valables concernant ce type de verset. [Al-Minhajou l-Qawîm].
– L’Imâm At-Tahâwi (رحمه الله) qui fait partie des illustres savants du salaf a dit dans son traité présentant la croyance de l’ensemble des gens de la Sounnah : « Allâh ta’âlâ est exempt des limites, des fins, des côtés, des organes et des membres. Les six directions ne Le délimitent pas, contrairement à toutes les créatures » [Dans son traité de croyance].
– Ainsi, le fait de prendre ce verset et ceux de ce type selon le sens apparent (c’est-à-dire le sens du visage) est la voie des anthropomorphistes (mouchabbihah).
– De nombreux autres savants ont interprété le mot « wajh » en fonction du contexte du verset. [Consultez des paroles de savants : ici] .
– Retrouvez aussi l’article : “Al-Albâni (wahhabite) déclare indirectement mécréant l’Imâm Al-Boukhâri pour son interprétation du terme wajh par moulk” : ici.
– Beaucoup de savants du salaf ont eu recourt à des interprétations concernant d’autres textes que celui-ci. En voici quelques exemples :
- L’Imâm Ibn ‘Abbâs concernant le Sâq [Rapporté par At-Tabari] et [Rapporté par Al-Bayhaqi]
- L’Imâm Aboû Hanîfah concernant al-qourb et al-bou’d [Al-Fiqh Al-Akbar]
- L’Imâm Mâlik concernant le Nouzoûl de Allâh [Rapporté par An-Nawawi] et [Rapporté par Az-Zourqâni]
- L’Imâm Ahmad concernant le verset “wa jâ’a Rabbouka” [Rapporté par Ibn Kathîr d’après Al-Bayhaqi] et [Rapporté par As-Sa’di] et [Rapporté par Al-Hisni]
- L’Imâm At-Tabarâni concernant l’Istiwâ [Dans son Tafsîr]



























Sep 11
L’Imâm An-Naçafi dit que Allâh est sans endroit, sans comment, qu’Il n’est pas un corps et qu’Il ne dépend pas du temps
Dans son célèbre traité de croyance connu sous le nom de « Al-‘Aqîdatou n-Naçafiyyah » (pages 1 et 2 du traité), l’Imâm An-Naçafi a dit :
«والمحدِثُ للعالم هو الله تعالى الواحدُ القديمُ الحيُّ القادرُ العليمُ السميعُ البصيرُ الشائي المريدُ ليس بِعَرَضٍ، ولا جسمٍ، ولا جوهرٍ، ولا مُصوَّرٍ، ولا محدودٍ، ولا معدودٍ، ولا متبعِّضٍ، ولا متجزّ، ولا مُتَركّبٍ، ولا متناهٍ، ولا يُوصف بالماهيةِ، ولا بالكيفيةِ، ولا يتمكَّنُ في مكانٍ، ولا يجري عليهِ زمانٌ، ولا يُشبههُ شىءٌ، ولا يَخرُجُ عن علمِهِ وقدرتِهِ شىءٌ.»
« Et Celui Qui a fait entrer ce monde en existence, c’est Allâh ta’âlâ, الواحد (Al-Wâhid) Celui Qui n’a pas d’associé, القديم (Al-Qadîm) Celui Qui existe de toute éternité et Qui est exempt de début, الحيّ (Al-Hayy) Celui Qui a pour attribut la vie, القادر (Al-Qâdir) Celui Qui est tout-puissant sur toute chose, العليم (Al-‘Alîm) Celui Qui sait tout, السميع البصير (As-Samî’ou l-Basîr) Celui Qui entend et Qui voit, الشائى المريد (Ach-Châ-i l-Mourîd) Celui Qui a la volonté et le vouloir. Il n’est pas quelque chose qui advient aux corps, ni un corps, ni une substance unitaire, ni quelque chose ayant une image, ni limité, ni dénombrable, ni constitué de parties, ni divisible, ni composé, ni fini, Il n’est pas attribué d’un genre ni d’un comment, Il n’est pas localisé dans un endroit et Il ne subit pas le temps, rien ne Lui ressemble. Et rien n’échappe à Sa science et à Sa puissance.»
Informations utiles :
– Le Mouhaddith (spécialiste de la science du hadîth) Aboû Hafs Najmou d-Dîn ‘Oumar Ibnou Mouhammad An-Naçafi, le Hanafite, est né en 461 et il est décédé en 537 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a environ 900 ans. Il est l’auteur du traité de croyance connu sous le nom de « ‘Aqîdatou n-Naçafiyyah», qui est l’un des traités de croyance les plus célèbres, les plus répandus, et les plus étudiés dans le monde musulman.
– Ici, il cite des points fondamentaux de la science du tawhîd, comme le fait que Allâh n’est pas un corps, qu’Il est sans comment, qu’Il n’est pas dans un endroit, qu’Il ne dépend pas du temps, et que rien ne Lui ressemble.
– Plusieurs grands savants de l’Islâm porte le nom An-Naçafi, en effet il y a également Abou l-Mou’în An-Naçafi qui est décédé en 508 de l’Hégire (رحمه الله) [voir des articles à son sujet : ici], et aussi ‘Abdou l-Lâh Ibnou Ahmad An-Naçafi qui est décédé en 710 de l’Hégire (certains ayant dit en 701 de l’Hégire) (رحمه الله), qui est l’auteur du célèbre tafsîr [voir des articles à son sujet : ici].
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