Dans son livre « Al-Milal wa n-Nihal » (page 68 de cette édition), l’Imâm Ach-Chahrastâni a dit :
« واحتاط بعضهم أكثر احتياط حتى لم يقرأ اليد بالفارسية ولا الوجه ولا الاستواء ولا ما ورد من جنس ذلك بل إن احتاج في ذكرها إلى عبارة عبر عنها بما ورد : لفظا بلفظ . فهذا هو طريق السلامة وليس هو من التشبيه في شيء »
« Certains [savants] étaient prudents au point qu’ils ne traduisaient pas les mots « yad », « wajh » et « istiwâ » en farsi [persan] ainsi que pour tout ce qui est parvenu et qui est du même genre. S’ils avaient besoin d’une expression pour les mentionner, ils les citaient mot pour mot [les expressions révélées en arabe]. En effet telle est la voie saine : cela ne constitue en rien de l’assimilationnisme (tachbîh). »
Informations utiles :
– Le Chaykh Mouhammad Ibnou ‘Abdou l-Karîm Ach-Chahrastâni est décédé en 548 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 880 ans. Il était du madh-hab (école de jurisprudence) de l’Imâm Ach-Châfi’i.
– Son livre « Al-Milal wa n-Nihal » traite des différentes religions et des différentes sectes se réclamant de l’Islam tel que les mou’tazilah, les jabriyyah, les khawârij, les mouchabbihah etc…
– Ici il dit que certains savants ne s’aventuraient pas à traduire certains mots présents dans les textes non-explicite (moutachâbihât) tel que « yad », « wajh » ou « istiwâ » ainsi que les autres termes du même ordre. Et que ces savants se contentaient de citer mot pour mot le terme tel qu’il est mentionné dans les textes, c’est-à-dire en arabe.
– Cela a également été mentionné par l’Imâm Aboû Hanîfah dans son livre « Al-Fiqh Al-Akbar », dans lequel il dit qu’on ne peut pas traduire le terme « yad » en persan, car le mot persan qui se dit « Daste » ne donne que le sens de l’organe, de la main. Il a dit : « Tout ce que les savants ont cité en Persan comme attribut de Allâh ta’âlâ il est permis de le dire hormis pour al-yad en Persan».
– Le Chaykh Abou l-Mountahâ Al-Hanafi a dit : « Il n’est pas permis de dire « la main de Dieu » (daste khoudâ)» [Dans son commentaire du livre Al-Fiqh Al-Akbar]. En effet, le terme « daste » en persan, ne désigne que le sens de la partie corporelle, le sens de la main, c’est pour cela qu’il n’est pas permis d’employer ce terme au sujet de Allâh.
– Egalement l’Imâm An-Naçafi (m.508 h.) a dit à ce sujet : « Il est permis de dire que Allâh ta’âlâ a un yad en Arabe, mais ce n’est pas permis en Persan.» [Dans son livre Bahrou l-Kalâm] (voir l’article : ici)
– Ceux qui sont précautionneux concernant leur religion suivent également cette règle pour le français. Ou bien ils traduisent selon l’interprétation correcte donnée par les savants de l’Islâm.
– Malheureusement dans de nombreuses soi-disante traductions du Qour-ân et de recueils de hadîth, les auteurs n’ont pas fait preuve de prudence et se sont aventuré à traduire ces termes selon le sens apparent, et non selon le sens du verset et du hadîth. Par cela ils ont induit en erreur beaucoup de personnes ignorantes de la richesse de la langue arabe. Au point qu’en lisant ces ouvrages, certains se sont mis à croire que Allâh aurait des mains, un pied, un visage, des yeux, qu’Il serait concerné par l’étonnement, l’orgueil, le rire, la colère, l’oubli, la position assise, l’établissement, la descente, la venue, la direction, l’endroit et de nombreuses autres caractéristiques humaines. Ainsi ces gens là pensent avoir lu le Qour-ân, et des hadîth du Prophète (صلى الله عليه وسلم) et ils pensent être musulman alors qu’ils ont une croyance très éloignée de l’Islâm.
– Alors soyons prudent, car les livres que l’on trouve sur le marché francophone sont dans de nombreux cas parsemés non seulement d’expressions qui nuisent à la compréhension, mais aussi et surtout, d’expressions qui nuisent à la vraie croyance.