Sujet : Allâh n’a pas d’oeil

Dans son tafsîr « Ma’âni Al-Qour-ân», lors de l’explication du verset « وَاصْنَعِ الْفُلْكَ بِأَعْيُنِنَا » «wasna’i l-foulka bi a’youninâ» (soûrat Hoûd/37), l’Imâm Az-Zajjâj a dit :
« ومعنى: {بأعيننا} أي بإبصارنا إليك وحفظنا لك »
« La signification de « Bi A’youninâ » est par Notre vue et Notre préservation à ton égard »
Informations utiles :
– L’Imâm, l’exégète (Moufassir), le Spécialiste de la langue Arabe (Loughawi), le Grammairien (Nahwi) Aboû Is-hâq Ibrâhîm Ibnou Mouhammad Ibnou s-Sourri Az-Zajjâj Al-Baghdâdi, est l’un des linguistes les plus connus, il faisait partie des gens du Salaf, il est né en 241 et il est décédé en 311 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 1120 ans. Il est souvent cité comme référence par les exégètes (moufassiroûn).
- Al-Khatîb Al-Baghdâdi a dit de lui : « Il était parmi les gens honorables et versés dans la religion, il avait une bonne croyance et un bon madh-hab». [Târîkh Baghdâd]
- Ibn Khallikân a dit le concernant : « Il était parmi les gens de science, de bonne manière et versé dans la religion». [Wafayâtou l-A’yân]
- An-Nawawi a dit à son sujet : « L’Imâm dans la langue Arabe ». [Tahdhîbou l-Asmâ wa l-Loughât]
- Ibn Kathîr a dit de lui : « Il était vertueux et versé dans la religion, il avait une bonne croyance et il était auteur de bons ouvrages, et parmi eux “Ma’âni Al-Qour-ân” et d’autres ouvrages bénéfiques.». [Al-Bidâyah wa n-Nihâyah]
- Adh-Dhahabi a dit à son sujet : « L’Imâm, le grammairien (Nahwi) de son époque». [Siyarou A’lâmi n-Noubalâ]
– Ici, ce grand savant du Salaf explique ce verset en disant que « bi A’youninâ » signifie « sous Notre préservation ». Et cela nous prouve que les gens du Salaf avaient quelque fois recours à l’interprétation des textes équivoques (moutachâbih).
– Il n’a pas dit comme les moujassimah (corporalistes), que ce verset signifie que Allâh aurait des yeux. En effet Allâh n’est pas un corps, Il n’est pas composé, et Il n’a pas de membres ni d’organes.
– Il en est de même pour le verset {تجري بأعيننا} {Tajrî bi A’youninâ} [Soûrat Al-Qamar / 14], les savants ont expliqué que cela signifie que l’Arche de Noûh (‘Alayhi s-Salâm) était sous la préservation de Allâh. Ou encore que le terme “A’youn” dans ce verset peut désigner les sources d’eau qui ont jaillis de la terre.
- L’Imâm Soufyân Ibnou ‘Ouyaynah a dit au sujet du verset {Tajrî bi A’youninâ} « C’est-à-dire : par Notre ordre» [Rapporté par At-Tabari et Al-Baghâwi dans leurs Tafsîr]
- L’Imâm Al-Jouwayni a dit : « Concernant la parole de Allâh ta’âlâ au sujet l’arche de Noûh (‘alayhi s-Salâm) : {Tajrî bi A’youninâ} [verset 14 de Soûrat Al-Qamar] Personne de jugement sain n’a attribué des yeux à Allâh ta’âlâ. Le sens du verset est que l’arche voguait bi A’youninâ, c’est-à-dire dans un endroit entouré par les anges, préservé, et protégé. […] Il a été dit que le sens de « A’youn » dans ce verset désigne les sources qui ont jaillis de la terre, et elles sont annexées à Allâh pour indiquer la possession, et cela [cette explication] est acceptable.» [Al-Irchâd]
- L’Imâm Al-Moutawalli Ach-Châfi’i a dit : « Quant à la parole de Allâh ta’âlâ : {Tajrî bi A’youninâ} [verset 14 de Soûrat Al-Qamar], ce qui en est visé sont les sources qui ont jaillis de la terre, et leur annexion au nom de Allâh est pour indiquer la possession » [Al-Ghounyah]
- L’Imâm Ibnou ‘Atiyyah a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} : la majorité (al-joumhoûr) a dit que cela signifie : par Notre préservation » [Dans son Tafsîr].
- L’Imâm Fakhrou d-Dîn Ar-Razi a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} c’est-à-dire à Notre vue ou par Notre préservation.» [Dans son Tafsîr].
- L’Imâm Al-Qourtoubi a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} c’est-à-dire à Notre vue. Et il a été dit : par Notre ordre. Et il a été dit : par Notre préservation. Et il a été dit : par Notre révélation. Et il a été dit que ce qui est visé par “A’youn” sont les sources sortant de la terre. Et il a été dit que “A’youn” signifie les saints de parmi les anges qui étaient chargé de préserver l’arche. Et tout ce que Allâh a créé, il est permis de Lui annexer» [Dans son Tafsîr].
- L’Imâm Al-Baydâwi a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} à Notre vue, c’est-à-dire une préservation de parmi Nos préservations» [Dans son Tafsîr].
- L’Imâm An-Naçafi a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} c’est-à-dire à Notre vue ou par Notre préservation.» [Dans son Tafsîr].
- L’Imâm Al-Khâzin a dit : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} c’est-à-dire à Notre vue. Et il a été dit : par Notre préservation. Et il a été dit : par Notre ordre.» [Dans son Tafsîr].
- Ibn Kathîr a donné une explication similaire en disant : « La parole de Allâh {Tajrî bi A’youninâ} c’est-à-dire par Notre ordre, Notre protection et sous Notre préservation.» [Dans son Tafsîr].
- Et beaucoup d’autres…
– Ainsi ces versets ne signifient en aucun cas que Allâh aurait des yeux. De plus le terme “A’youn” est le pluriel du terme “‘ayn”. Et dans la langue Arabe le pluriel s’utilise à partir de trois. Ainsi celui qui se base sur ce verset pour attribuer les yeux à Allâh, il lui aura attribué au minimum trois yeux. Que Allâh nous préserve du chirk !
– L’Imâm At-Tahâwi (رحمه الله) qui fait partie des illustres savants du salaf a dit dans son traité présentant la croyance de l’ensemble des gens de la Sounnah : « Allâh ta’âlâ est exempt des limites, des fins, des côtés, des organes et des membres. Les six directions ne Le délimitent pas, contrairement à toutes les créatures » [Al-‘Aqîdah At-Tahâwiyyah].
– L’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari a dit au sujet de Allâh : « Il a un ‘ayn sans comment (bilâ kayf)». [Dans son livre Al-Ibânah, d’après Ibnou ‘Açâkir dans son livre Tabyînou kadhibi l-Mouftarî]. Le comment (kayf) c’est ce par quoi on décrit les créatures, comme la forme, la taille, le poid, la couleur, le mouvement, l’immobilité etc. Ainsi, en niant le comment (kayf), l’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari a nié le fait que le terme ‘ayn au sujet de Allâh vienne dans le sens de la partie corporelle, c’est-à-dire de l’oeil.
– L’Imâm Al-Khattâbi a dit : « Il est confirmé l’attribut de la vue et de l’ouïe au sujet de Allâh, mais Il n’est pas attribué de l’oreille et de l’œil car ce sont des organes». [Charh Sounan Abî Dâwoûd]
– L’Imâm Al-Bayhaqi a dit : «Son « ‘ayn » n’est pas un globe oculaire [un œil]». [Al-I’tiqâd].
– L’Imâm Al-Bayhaqi a dit aussi concernant l’attribut du ‘ayn : «Il s’agit d’un attribut qui n’est pas un globe oculaire [un oeil]» [Al-Asmâ-ou wa s-Sifât]
– L’Imâm An-Naçafi (m.508 h.) a dit : « Allâh voit sans œil » [Dans son livre Bahrou l-Kalâm]
– L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : «Ne dites pas que le yad et le ‘ayn [au sujet de Allâh] sont des organes » [Dans son livre Al-Bourhânou l-Mou-ayyad]
– Le Chaykh Abou l-Mountahâ Al-Hanafi a dit : « La vue de Allâh qui est Son attribut qui est éternel, sans organe (lâ bi l-âlah)» [Dans son charh du livre Al-Fiqh Al-Akbar]
– Le Chaykh Mouhammad Ibn ‘Oumar Nawawi Al-Jâwi a dit : « Allâh voit sans œil » [Dans son livre Mirqâh Sou’oûdi t-Tasdîq]
– Le Mouhaddith ‘Abdou l-Bâsit Al-Fâkhoûri a dit : « [L’attribut de Allâh de] la vue : Il s’agit d’un attribut éternel sans début, propre à Son Être ta’âlâ, sans globe oculaire [œil] ni paupières » [Al-Kifâyah li Dhawi l-‘Inâyah]
– Le Chaykh Mouhammad Al-Mourâkouchi Al-Mâliki Al-Mouwaqqit a dit : « Le sens du fait que Allâh soubhânah entend et voit est qu’Il entend tout ce qui est audible que ce soit de faible volume ou fort, et qu’Il voit ce qui est visible que ce soit caché ou apparent, mais sans oreille et sans œil (‘ayn) et sans organe, car les organes font partis des attributs de ce qui entre en existence » [Al-Hablou l-Matîn ‘alâ Nadhmi l-Mourchidi l-Mou’în]
-Le Mouhaddith Al-Harari a dit : « L’ouïe (as-sam’) : C’est un attribut qui n’a pas de début, immuablement propre à Allâh. Il entend les sons par une ouïe qui n’a pas de début et qui n’a pas de fin, qui n’est pas telle que notre ouïe, qui n’est pas par le biais d’une oreille (oudhoun) ni d’un tympan.» [As-Sirât Al-Moustaqim]
– Retrouvez d’autres paroles de savants sur le thème : Allâh n’est pas un corps et n’a pas d’organes : ici.
– Retrouvez d’autres paroles de savants sur le thème : Attribuer le corps à Allâh est de la mécréance : ici.
Jan 25
La voie de l’Imâm Al-Ach’ari expliquée par l’Imâm Ach-Chahrastâni
Sujet : la croyance de l’Imâm Al-Ach’ari
Dans son livre « Al-Milal wa n-Nihal » (page 65 de cette édition), l’Imâm Ach-Chahrastâni a dit concernant l’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari:
« وأثبت اليدين والوجه صفات خبرية فيقول ورد بذلك السمع فيجب الاقرار به كما ورد وصغوه إلى طريقة السلف من ترك التعرض للتأويل وله قول أيضا في جواز التأويل »
« Il (l’Imâm Al-Ach’ari) confirme « al-yadayn » et « al-wajh » en tant qu’attributs révélés. Il dit : « Ceci est parvenu ainsi dans la révélation, donc il est un devoir de les considérer tels qu’ils ont été révélés ». Il penchait pour la méthode des Salafs, qui était de ne pas se risquer à faire une interprétation, mais il lui est arrivé d’accepter l’interprétation. »
Informations utiles :
– Le Chaykh Mouhammad Ibnou ‘Abdou l-Karîm Ach-Chahrastâni est décédé en 548 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 880 ans. Il était du madh-hab (école de jurisprudence) de l’Imâm Ach-Châfi’i.
– Ici il parle de la méthodologie de l’Imâm de Ahlou s-Sounnah Abou l-Haçan Al-Ach’ari, et il dit qu’il confirmait les termes parvenus dans les textes (Qour-ân et hadîth) comme « al-yadayn » et « al-wajh » sans rentrer dans l’interprétation détaillée, conformément à la voie de la majorité des gens du Salaf, mais qu’il avait tout de même recours quelquefois à l’interprétation (ta-wîl).
– Et c’est justement les deux méthodologies utilisées par les gens de Ahlou s-Sounnah au sujet des textes (Qour-ân et hadîth) moutachâbih (équivoques) :
L’Imâm Aboû Hanîfah concernant l’Istiwâ [Al-Wasiyyah]
L’Imâm Aboû Hanîfah concernant le Yad [Al-Fiqh Al-Akbar]
L’Imâm Mâlik concernant l’Istiwâ [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par Al-Qayrawâni] et [Rapporté par Al-‘Azzâmi] et [Rapporté par Al-Qourtoubi] et [Rapporté par Ibn Kathîr]
L’Imâm Ibn Hibbân concernant le hadîth du Nouzoûl [Dans son Sahîh]
L’Imâm Ibn ‘Abbâs concernant le Sâq [Rapporté par At-Tabari] et [Rapporté par Al-Khattâbi]
L’Imâm Al-Boukhâri concernant le Wajh [Dans son Sahîh]
L’Imâm Ahmad concernant le verset : “wa jâ-a rabbouka” [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par As-Sa’di] et [Rapporté par Al-Hisni]
L’Imâm At-Tabarâni concernant l’Istiwâ [Dans son tafsîr]
– De nombreux savants ont mentionné les deux méthodologies valables concernant les versets équivoques (moutachâbih), parmi eux ;
– L’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari est un savant du salaf (C’est-à-dire ayant vécu dans les trois premiers siècles de l’hégire) il est né en 260 (certains ont dit 270) et il est décédé en 324 de l’Hégire (d’autres ont dit 330 ou 333) (رحمه الله). Un très grand nombre de savants ont fait son éloge et le considèrent comme l’un des plus grands défenseurs de la croyance de Ahlou s-sounnah wa-l Jamâ’ah. Consultez sa biographie : ici.
– L’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari a dit au sujet de Allâh : « Il a un ‘ayn sans comment (bilâ kayf)». [Dans son livre Al-Ibânah, d’après Ibnou ‘Açâkir dans son livre Tabyînou kadhibi l-Mouftarî]. Le comment (kayf) c’est ce par quoi on décrit les créatures, comme la forme, la taille, le poid, la couleur, le mouvement, l’immobilité etc. Ainsi, en niant le comment (kayf), l’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari a nié le fait que le terme ‘ayn au sujet de Allâh vienne dans le sens de la partie corporelle, c’est-à-dire de l’oeil.
– L’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari qui a dit : « Allâh ta’âlâ a fait entendre à Moûçâ Sa parole éternelle qui n’est pas de lettre ni de son » [Rapporté par Ar-Râzi dans son Tafsîr]
– L’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari a dit concernant la vision de Allâh par les croyants dans l’au-delà : « Allâh sera vu sans incarnation (houloûl), sans limites (houdoûd) et sans comment (takyîf)». [Rapporté par Ibnou ‘Açâkir dans son livre Tabyînou kadhibi l-Mouftarî]
– Tout cela nous montre que les gens de Ahlou s-Sounnah ne nient pas les attributs de Allâh, comme le prétendent calomnieusement les moujassimah (corporalistes). Au contraire les gens de Ahlou s-Sounnah acceptent les attributs de Allâh en se détournant des sens qui impliqueraient l’assimilation de Allâh à Ses créatures.
– Il est confirmé de l’Imâm Abou l-Haçan Al-Ach’ari qu’il considérait mécréant ceux qui attribuent l’endroit, la direction ou le corps à Allâh, comme cela a été mentionné par :
– Retrouvez d’autres paroles de savants au sujet du terme « yad » : ici.
– Retrouvez d’autres paroles de savants au sujet du terme « wajh » : ici.
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