Sujet : Allâh n’est pas établi sur le trône.
Dans son livre « Al-Ghounyah fî Ousoûli d-Dîn » (page 73 de cette édition) l’Imâm Al-Moutawalli a dit :
« والغرض من هذا الفصل نفي الحاجة إلى المحل والجهة خلافا للكرامية والحشوية والمشبهة الذين قالوا أن لله جهة فوق وأطلق بعضهم القول بأنه جالس على العرش مستقر عليه تعالى الله عن قولهم. »
« L’objectif de ce chapitre est de nier [pour Allâh] le besoin d’un endroit et d’une direction, contrairement aux Karrâmiyyah, aux Hachawiyyah, et aux Mouchabbihah (assimilationnistes) qui ont dit que Allâh est dans la direction du haut (fawq). Et certains d’entre eux ont même dit qu’Il est assis sur le trône, établi dessus, et Allâh est exempt de leurs paroles »
Informations utiles :
– Al-‘Allâmah (l’illustre savant), l’Imâm, le Ousoûli (spécialiste des fondements), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) Aboû Sa’îd ‘Abdou r-Rahmân An-Nayçâboûri, connu sous le nom de Al-Moutawalli Ach-Châfi’i est né en 426 à Nayçâboûr et il est décédé en 478 de l’Hégire à Baghdâd (رحمه الله). C’est-à-dire il y a environ 960 ans. Il succéda à l’Imâm Ach-Chîrâzi comme enseignant à la célèbre école An-Nidhâmiyyah de Baghdâd. Il étudia la jurisprudence Chafi’ite auprès du savant, le Qâdî Houçayn Ach-Châfi’i (m.463 A.H) celui dont l’Imâm Ar-Râfi’i (m.623 A.H.) disait : « On le surnommait le savant de la communauté», et autres que lui. L’Imâm An-Nawawi (m.676 A.H.) le cite souvent comme référence dans ses ouvrages.
- Adh-Dhahabi a dit à son sujet : « L’illustre savant (Al-‘Allâmah) le Chaykh des Chafi’ites »[Siyarou A’lâmi n-Noubalâ], et il a également dit de lui : « Il était un Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) Chafi’ite, l’un des grands savants, Il était un Faqîh reconnu, et un savant méticuleux » [Târîkhou l-Islâm].
- Quant à Ibn Kathîr, il a dit à son sujet : « Il était éloquent, un grand orateur, et maîtrisait de nombreuses sciences »[Al-Bidâyah wa n-Nihâyah], il a dit également : « Il était un Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) reconnu, et un savant méticuleux », il a également fait son éloge en disant : « Il était l’un des ash-hâbou l-woujoûh (une catégorie de savants en dessous du degré du moujtahid, qui est apte à déduire les jugements religieux à partir des textes de l’Imâm fondateur de l’école) dans le madh-hab [Châfi’i] ». [Tabaqâtou ch-Châfi’iyyîn]
- As-Safadi a dit de lui : « Il comptait parmi les meilleurs des gens de par le comportement et le caractère, et de parmi les savants les plus modestes et généreux, il était reconnu et méticuleux tout en étant un grand orateur, éloquent, et nombreux devenaient des imams en assistant à ses assemblées de science ». [Al-Wâfî bi l-Wafayât]
- Tâjou d-Dîn As-Soubki a dit de lui : « Il est l’un des Imâm aux degrés les plus élevés de parmi nos compagnons »[Tabaqâtou ch-Châfi’iyyah Al-Koubrâ].
- Et Ibn Khallikân a dit à son sujet : « Il était un Faqîh Chafi’ite originaire de Nayçâboûr, il a rassemblé la science, l’application de la religion, et les bons caractères, il a maîtrisé le Fiqh (la jurisprudence), Al-Ousoûl (les fondements) et al-Khilâf (les divergences religieuses) »[Wafayâtou l-A’yân].
– Ici, l’Imâm Al-Moutawalli confirme la croyance des musulmans concernant le fait que Allâh existe sans endroit ni direction, puis il dénonce la croyance des groupes déviés qui ont contredit les fondements de la religion en prétendant que Allâh serait dans une direction ou un endroit, ou qu’Il serait assis ou établi sur le trône, que Allâh nous préserve de cette croyance.
– Les Karrâmiyyah comptent de parmi les groupes égarés qui sont tombé dans le tachbîh (assimilation) et le tajsîm (corporalisme). Le fondateur est Aboû ‘Abdil-Lâh Mouhammad Ibn Karrâm qui est né en 190 et décédé en 255 de l’Hégire. Il fait parti des premiers corporalistes. Retrouvez d’autres articles faisant référence aux Karrâmiyyah : ici.
– De nombreux autres savants ont mis en garde contre la mécréance des karrâmiyyah, parmi eux :
- L’Imâm Abou l-Haçân Al-Ach’ari (رحمه الله) qui a dit : « Et il n’y a aucun problème concernant celui qui déclare mécréant les karrâmiyyah corporalistes (moujassimah) du Khourâçân concernant leur propos lorsqu’ils disent que Allâh ta’âlâ serait un corps, qu’Il aurait une limite et une fin par le bas, qu’Il serait en contact avec Son trône et qu’Il serait sujet aux choses qui entrent en existence » [Rapporté par l’Imâm Aboû Mansoûr ‘Abdou l-Qâhir At-Tamîmi dans son livre « Al-Asmâ-ou wa s-Sifât » d’après ce qu’a rapporté de lui [l’Imâm] At-Taqî As-Soubki]
- L’Imâm Aboû Mansoûr Al-Baghdâdi qui a dit : « Quant aux adorateurs de corps du Khourâçân parmi les Karrâmiyyah, les déclarer mécréants est obligatoire (takfîrouhoum wâjib), parce qu’ils prétendent que Allâh ta’âlâ aurait une limite, et une fin par la direction du bas, et que par elle Il toucherait Son Trône, et aussi parce qu’ils prétendent que Allâh serait concerné par des choses qui entrent en existence » [Dans son livre “Ousoûlou d-Dîn”]
- L’Imâm Aboû Mansoûr Al-Baghdâdi qui a dit également :« les Karrâmiyyah prétendent que Allâh est en contact avec Son Trône» [Dans son livre « Al-Farqou Bayna l-Firaq »]
- L’Imâm Abou l-Moudhaffar Al-Isfarâyîni qui a dit : « Certains d’entre eux (c’est-à-dire des Karrâmiyyah) ont dit que Allâh est plus grand que le trône et d’autres ont dit qu’Il est similaire au trône […] Parmi les égarements qu’ils ont inventés et que personne avant eux n’avait osé avouer par crainte d’être immédiatement dévoilé, c’est leur déclaration d’adorer un être auquel il adviendrait des attributs entrés en existence, que ses paroles, sa volonté, sa perception du visible et de l’audible adviendraient à son être et ils ont appelé cela « écoute » (sam’an) et « regard » (tabassouran). Ils ont dit également que le contact de la face supérieur du Trône adviendrait à son être : ils ont prétendu que toutes ces caractéristiques adviendraient à son être. Allâh est exempt de ce qu’ils ont dit. » [Dans son livre At-Tabsirou fi d-Dîn]
- L’Imâm An-Naçafi (508h.) qui a dit : « Les Karrâmiyyah ont dit que Allâh ta’âlâ est établi sur le trône et qu’Il le remplit» [Dans son livre « Bahrou l-Kalâm »]
- L’Imâm Ach-Chahrastâni a dit, concernant les Karrâmiyyah : « Aboû ‘Abdil-Lâh [Ibnou Karrâm] a écrit que celui qu’il adore est établi sur le Trône, et qu’il se trouve, par Lui-même, dans la direction du haut. Il lui applique le nom de « substance » (jawhar) : il dit en effet dans son livre intitulé « Le châtiment de la tombe » qu’il [celui qu’il adore] est « un par lui-même, un par la substance », qu’il touche le trône par son côté supérieur, et qu’il peut se déplacer, changer de lieu, et descendre. Et il y en parmi eux qui ont dit que [ce qu’ils adorent] est sur une partie du trône. Et certains ont dit que [ce qu’ils adorent] remplit tout l’espace du trône. Et les plus récents d’entre eux disent qu’Il est, ta’âlâ, dans la direction du haut et qu’Il est sur le Trône. » [Dans son livre « Al-Milal wa n-Nihal»]
– Les Hachawiyyah sont également un groupe sectaire d’assimilateurs qui est apparu dans le passé. A ce sujet :
- Le Hâfidh Ibn ‘Açâkir a dit : « De même, les « Najjâriyah » disent que le Créateur, qu’Il soit exalté, est dans tous les endroits sans qu’Il soit diffus et sans direction, tandis que les « hachawiyyah » et les « moujassimah » disent qu’Il est présent sur le Trône, que le Trône est son endroit, et qu’Il est assis dessus » [Dans son livre « Tabyînou Kadhibi l-Mouftari»]
– Nous pouvons faire le parallèle entre ces groupes corporalistes du passé et les corporalistes de notre époque (principalement wahhabites) qui ont pour croyance que Allâh serait un corps, avec une limite, dans la direction du haut, qu’Il serait sur le trône, qu’Il changerait de lieu, qu’Il descendrait etc. A ce sujet :
- Le Chaykh Mouhammad ‘Arabi At-Tabbâni a dit : « La croyance des suiveurs de Mouhammad Ibn ‘Abdi l-Wahhâb (les wahhabites) concernant Allâh Soubhânahou wa ta’âlâ est le tajsîm (corporalisme), et il a suivi en cela Ahmad Ibn Taymiyyah qui lui-même a suivi les Karrâmiyyah » [Dans son livre “Barâ-atou l-Ach’ariyyîn”]
– Le tajsîm (le corporalisme) c’est le fait de croire que Allâh serait un corps, qu’Il serait composé de parties corporelles, ou qu’Il serait un Être doté d’une forme, ou d’une image, ou qu’Il occuperait un endroit ou serait dans une direction. Ces croyances font sortir de l’Islam. Voir les séries d’articles à ce sujet :
- Attribuer le corps à Allah est de la mécréance
- Attribuer l’endroit ou la direction à Allah est de la mécréance
– Les savants de l’Islâm ont été unanimes sur le fait que l’istiwâ de Allâh n’est pas une position assise (jouloûss) ni un établissement (istiqrâr). Parmi eux :
- L’Imâm Aboû Hanîfah [Dans son livre Al-Wasiyyah]
- L’Imâm Al-Bâqillâni [Dans son livre Al-Insâf]
- L’Imâm Ibnou Foûrak [Dans son livre Mouchkilou l-Hadîth]
- L’Imâm ‘Abdou l-Lâh Al-Jouwayni (père de l’Imâm Al-Haramayn) [Dans son livre Kifâyatou l-Mou’taqad]
- Le Chaykh Ibn Battâl [Dans son commentaire du Sahîh Al-Boukhâri]
- L’Imâm Al-Bayhaqi [Dans son livre Al-I’tiqâd]
- L’Imâm Ach-Chîrâzi [Dans son livre Al-Ichârah]
- L’Imâm Al-Haramayn Al-Jouwayni [Dans son livre Al-Irchâd]
- L’Imâm Al-Moutawalli [Dans son livre Al-Ghounyah]
- Le Chaykh Aboû Mouhammad Rizqou l-Lâh Ibn ‘Abdi l-Wahhâb At-Tamîmi Al-Hambali (m. 488 H.) a dit : On ne dit pas que le trône est Son endroit, car les endroits sont créés par Allâh et ils sont entrés en existence contrairement à Lui, et on ne dit pas qu’Il est assis (qâ’id) par Son Être sur le trône, ou debout, ou allongé, ou endormi, ou en contact, ou proche. Mais nous employons le terme de cet attribut (c’est-à-dire le terme istawâ) tout comme cela est parvenu dans le Qour-ân » [Rapporté par Ibn Hamdân dans Nihâyatou l-Moubtadi-în].
- L’Imâm Al-Ghazâli [Dans son livre Ihyâ-ou ‘Ouloûmi d-Dîn]
- Le Qâdî Ibn Rouchd Al-Jadd [Rapporté par Ibnou l-Hâjj Al-Mâliki]
- Le Chaykh Al-Lâmichi Al-Hanafi [Dans son livre At-Tamhîd li Qawâ’id At-Tahwîd]
- L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i [Dans son livre Al-Bourhânou l-Mou-ayyad]
- L’Imâm Aboû Madyan [Dans son traité de croyance]
- L’Imâm Fakhrou d-Dîn Ar-Râzî
- L’Imâm Ibn ‘Abdi s-Salâm [Rapporté par Tâjou d-Dîn As-Soubki]
- L’Imâm Zaynou d-Dîn Ibnou l-Mounayyir [Dans son livre Tafsîr Mouchkilât Ahâdith youchkilou dhâhirouhâ]
- L’Imâm Ibnou Abî Jamrah [Dans son livre Bahjatou n-Noufoûs]
- Al-Qâdî Ibn Jamâ’ah
- Le Moufassir Al-Khâzin [Dans son Tafsîr]
- L’Imâm Abou Hayyân Al-Andalouçi [Dans son Tafsîr : An-Nahrou l-Mâdd]
- Le Hâfidh Waliyyou d-Dîn Al-‘Irâqi [Dans son livre Tarhou t-Tathrîb]
- L’Imâm Al-Qastallâni
- Chaykh Al-Islâm Zakariyyâ Al-Ansâri [Dans son livre Ihkâm ad-Dalâlah]
- Le Chaykh Moullâ ‘Alî Al-Qârî
- L’Imâm Al-Kawthari (qui rapporte l’unanimité) [Dans son livre Maqâlâtou l-Kawthari]
- Le Chaykh Al-‘Azzâmi [Dans son livre Fourqân al-Qour-ân]
- Le Chaykh Ibn ‘Âchoûr [Dans son tafsîr]
- Le Chaykh Mehmed Zâhid Kotku [Dans son livre Ehl-i Sünnet Akaidi]
- Le Hâfidh Al-Harari [Dans son livre As-Sirât al-Moustaqîm]
- et de nombreux autres savants.
Il n’est donc pas permis de traduire le verset {الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى} (Ar-Rahmânou ‘ala l-’archi stawâ) et ceux qui sont similaires par le fait que Allâh serait établi sur le trône car cette explication est contraire au tawhîd (l’unicité de Allâh). Consultez d’autres paroles de savants au sujet du terme « istawâ » : ici .