Dans son commentaire du Sahîh Mouslim, lors de l’explication du hadîth al-Jâriyah (le hadîth de la femme esclave) l’Imâm An-Nawawi a dit :
« قوله – صلى الله عليه وسلم – : ( أين الله ؟ قالت في السماء قال : من أنا؟ قالت : أنت رسول الله قال : أعتقها فإنها مؤمنة )
هذا الحديث من أحاديث الصفات ، وفيها مذهبان تقدم ذكرهما مرات في كتاب الإيمان .
أحدهما : الإيمان به من غير خوض في معناه ، مع اعتقاد أن الله تعالى ليس كمثله شيء وتنزيهه عن سمات المخلوقات .
والثاني تأويله بما يليق به ، فمن قال بهذا قال : كان المراد امتحانها ، هل هي موحدة تقر بأن الخالق المدبر الفعال هو الله وحده ، وهو الذي إذا دعاه الداعي استقبل السماء كما إذا صلى المصلي استقبل الكعبة ؟ وليس ذلك ؛ لأنه منحصر في السماء كما أنه ليس منحصرا في جهة الكعبة ، بل ذلك لأن السماء قبلة الداعين ، كما أن الكعبة قبلة المصلين ، أو هي من عبدة الأوثان العابدين للأوثان التي بين أيديهم ، فلما قالت : في السماء ، علم أنها موحدة وليست عابدة للأوثان . »
« Au sujet de sa parole (c’est-à-dire la parole du Prophète) (صلى الله عليه وسلم) « ayna l-Lâh? » Elle répondit « fi s-samâ» (les expressions ne sont pas traduites car An-Nawawi va expliquer leur sens plus bas) Il lui demanda : « Qui suis-je? » Elle répondit « Tu es le Messager de Allâh ». Il dit alors [ce qui a pour sens : ] Libère-là car elle est certes croyante ».
Ce hadîth fait partie des hadîth qui traitent des attributs de Allâh. Il y a, au sujet de ces hadîth, deux voies principales (madh-hab) au sujet de la croyance, que nous avons déjà clarifiées de nombreuses fois dans le livre au sujet de la Foi (c’est-à-dire le chapitre de la Foi dans le recueil de hadîth de Mouslim);
Et l’une de ces voies est : y croire sans plonger dans [le détail] du sens avec la croyance que rien n’est tel que Allâh, et [la croyance qu]‘Il est exempt de ce qui advient aux créatures.
La deuxième voie : c’est l’interpréter selon ce qui est digne de Lui. Ceux qui ont choisi cette position ont dit : ici le sens était de la tester, afin de voir : est-ce qu’elle était une monothéiste, qui croit effectivement que le Seigneur, Celui qui gère toute chose, Celui Qui fait ce qu’Il veut, c’est Allâh Lui seul, et qu’Il est Celui pour Lequel ceux qui font des invocations se dirigent vers le ciel, de la même façon que celui qui prie se dirige vers la Ka’bah; et ce n’est pas parce qu’Il serait circonscrit dans [ou au-dessus] le ciel, de même qu’Il n’est pas circonscrit dans la direction de la Ka’bah, mais il en est ainsi parce que le ciel est la Qiblah de ceux qui font des invocations, et la Ka’bah est la direction de ceux qui prient. Ou bien elle faisait partie des adorateurs d’idoles, qui adorent les statues qui se trouvent tout autour d’eux, et lorsqu’elle a dit « fi s-samâ », il a été su qu’elle était une monothéiste, et qu’elle ne faisait pas partie des adorateurs d’idoles. »
[Puis il poursuit en citant Al-Qâdî ‘Iyâd (voir l’article : ici) ]
Informations utiles :
– L’Imâm, le Hâfidh (spécialiste de la science du Hadîth), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) Aboû Zakariyyâ Mouhyi d-Dîn Yahyâ Ibnou Charaf An-Nawawi est un savant de référence. Il est né en 631 et il est décédé en 676 de l’hégire (رحمه الله), c’est-à-dire il y a plus de 750 ans. C’est un savant dans l’école de jurisprudence Chafi’ite. Son commentaire du sahîh de l’Imâm Mouslim est une référence incontournable pour tout étudiant en science de la religion et pour tout savant. Il a écrit d’autres livres tels que « Riyâd as-Sâlihîn » (le jardin des vertueux), et le recueil de 40 hadîth si connus.
- Tâjou d-Dîn As-Soubki le surnommait « Chaykhou l-Islâm » [Tabaqâtou ch-Châfi’iyyah Al-Koubrâ]
- Adh-Dhahabi a dit de lui : « Le Moufti de la Oummah, Chaykhou l-Islâm […] le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le Chafi’ite, l’ascète, l’un des étendards (de la religion)» [Târîkhou l-Islâm]. Il a dit également : « Le Chaykh, le modèle (qoudwah) […] le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), l’ascète, le pieux adorateur, le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le moujtahid versé dans l’adoration de son Seigneur, Chaykhou l-Islâm » [Siyar A’lâmi n-Noubalâ]
- Ibn Kathîr a dit à son sujet : « Le Chaykh, l’Imâm, l’illustre savant (al-‘Allâmah), le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth) l’honorable Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) […] l’un des pieux adorateurs et ascètes» [Tabaqâtou ch-Châfi’iyyah]
– Ici il explique le hadîth connu sous le nom de hadîth al-Jâriyah (le hadîth de la femme esclave), et il dit qu’au sujet de ce genre de hadîth (c’est-à-dire les hadîth équivoques -moutachâbih -) il y a deux méthodologies correctes :
- La première : croire en ce qui est révélé dans les Textes sans rentrer dans les détails du sens, tout en exemptant Allâh de toutes ressemblances et caractéristiques des créatures (c’est ce qu’on appelle l’interprétation globale ou encore tafwîd).
- La seconde : Interpréter selon un sens digne d’être attribué à Allâh (c’est ce qu’on appelle l’interprétation détaillée).
Ces deux voies qui sont toutes les deux correctes ont en commun de ne pas prendre le sens apparent.
– Lors de son explication, il dit très bien que ce hadîth ne signifie pas que Allâh serait dans (ou au dessus) le ciel.
– Les savants ont dit que celui qui dit : « Allâh fi s-Samâ » alors il y a deux cas :
1- S’il dit cela en visant l’endroit, alors il a commis de la mécréance.
2- Mais s’il visait le simple fait de répéter ce qui est parvenu de manière apparente dans les textes, comme dans ce hadîth, alors il ne commet pas de mécréance.
Voir à ce sujet l’extrait du livre Al-Fatâwâ Al-Hindiyyah : ici ; la citation du Chaykh Ibn Noujaym : ici ; et la citation du Chaykh Ismâ’îl Haqqi : ici.
– De plus, l’Imâm An-Nawawi a dit : « Si quelqu’un qui dit “Il n’y a pas d’autre dieu à part celui qui est dans les cieux”, il ne devient pas croyant (musulman), et il en est de même s’il dit “Il n’y a pas d’autre dieu à part Allâh, qui est localisé aux cieux”, parce que le fait d’être localisé est impossible au sujet de Allâh ta’âlâ. » [voir : ici] et l’Imâm Badrou r-Rachîd Al-Hanafi a confirmé ses propos [voir : ici].
– Il est à savoir que ce hadîth a été rapporté avec plusieurs versions qui sont incompatibles les unes avec les autres, au point que certains savants du hadîth l’ont jugé moudtarib (perturbé), et le hadîth moudtarib fait partie des hadîth qui sont faible. Si quelqu’un s’étonne que l’on parle de hadîth faible concernant le sahîh Mouslim, qu’il sache que certains savants du Hadîth comme l’Imâm Ach-Châfi’i, l’Imâm Al-Boukhâri et l’Imâm As-Souyoûti ont considéré faibles des hadîth qui se trouvent dans le Sahîh Mouslim.
– Aussi certains savants ont rejeté la version de Mouslim de ce hadîth car il est en contradiction avec des hadîth qui ont une chaîne de transmission beaucoup plus forte et qui indiquent que la personne n’est considéré musulmane que si elle prononce les deux témoignages en y croyant, et non en disant « Allâhou fi s-Samâ ». D’autant plus que les chrétiens et les juifs sont en accord avec les moujassimah (anthropomorphistes) sur le fait que Allâh serait aux cieux. Alors comment pourraient-on se baser sur ce genre de parole pour considérer quelqu’un musulman ?! La version du hadîth qui est en accord avec les fondements est celle rapportée par l’Imâm Mâlik [à consulter : ici], et par l’Imâm Ahmad et autres qu’eux. Et la version de l’Imâm Ad-Dârimi est proche de leur version [Voir : ici].
– De même, il est à savoir que ce hadîth n’a pas été mentionné par l’Imâm Mouslim dans le livre de la foi, mais dans le livre : « Al-Maçâjid wa Mawâdi’ as-Salah », chapitre : « tahrîm al-Kalâm fi s-Salât » ce qui nous indique que l’Imâm Mouslim n’accordait pas à ce hadîth une quelconque importance concernant les sujets de la croyance.
– Retrouvez d’autres articles concernant le hadîth de la femme esclave (Jâriyah) : ici
– Retrouvez de nombreuses autres paroles de savants confirmant qu’attribuer l’endroit ou la direction à Allâh est de la mécréance : ici.
Jan 26
L’Imâm Al-Boukhâri interprète « ad-dahik » par « ar-Rahmah » (la miséricorde) (2)
Dans son commentaire du Sahîh de Al-Boukhâri «Fath Al-Bârî» (tome 6 page 40 de cette édition), l’Imâm Ibnou Hajar Al-‘Asqalâni a dit :
« قال الخطابي وقد تأول البخاري الضحك في موضع آخر على معنى الرحمة ، وهو قريب ، وتأويله على معنى الرضا أقرب »
« Al-Khattâbi a dit : « Al-Boukhâri a fait une interprétation de « ad-dahik » à une autre occasion dans le sens de la Miséricorde (ar-rahmah), ce sont des sens proches, et l’interpréter dans le sens de l’agrément (ar-ridâ) serait encore mieux »
Informations utiles :
– Chaykhou l-Islâm, Amîr al-Mouminîn fi l-hadîth (le Prince des croyants dans la science du hadîth) Chihâb ad-Dîn Abou l-Fadl Ahmad Ibnou ‘Ali Ibnou Hajar Al-‘Asqalâni est né en 773 et il est décédé en 852 de l’hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a environ 580 ans. C’est un très grand spécialiste de la science du hadîth qui a écrit de nombreux ouvrages. Il est du madh-hab (Ecole de jurisprudence) de l’Imam Ach-Châfi’i. Son livre « Fath Al-Bârî » est incontournable, c’est l’un des plus célèbres commentaires du Sahîh Al-Boukhâri. Consultez sa biographie : ici.
– L’Imâm, l’illustre savant, le Faqîh (le spécialiste de la jurisprudence), le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), le Loughawi (spécialiste de la langue Arabe) Abou Soulaymân Al-Khattâbi est né en 319 à Boust (dans l’actuel Afghanistan) et il est décédé en 388 de l’hégire (رحمه الله) à Boust également, c’est-à-dire il y a plus de 1040 ans. Il fait parti des savants qui avaient le plus de science dans les sujets du hadîth. Il est de l’école de jurisprudence Chafi’ite. Parmi les savants qui ont rapporté le hadîth de lui : le Hâfidh Al-Hâkim, l’Imâm Aboû Hâmid Al-Isfarâyîni et autres qu’eux. L’Imâm al-Bayhaqi le cite énormément dans son livre « Al-Asmâ-ou wa s-Sifât ».
– L’Imâm, le Chaykh des Mouhaddith Aboû ‘Abdi l-Lâh Mouhammad Ibnou Ismâ’îl Al-Boukhâri, l’auteur du célèbre « Sahîh » connu comme étant le livre le plus authentique après le Qour-ân, est né en 194 et il est décédé en 256 de l’Hégire (رحمه الله), c’est-à-dire il y a plus de 1175 ans. Il est une référence incontournable dans la science du hadîth. Voir la biographie de l’Imâm Al-Boukhâri : ici.
– Le mot « dahik » dans la langue arabe a plusieurs sens et son sens premier est « rire », mais il a également d’autre sens. On dit, par exemple : « la Terre dahakat » lorsque de la végétation se montre en elle, et qu’elle donne des fleurs.
– Lorsque le terme « dahik » est attribué à Allâh, il est évident qu’il n’a pas le sens de « rire » ou « sourire ». On ne dit pas que Allâh rit ou sourit, A’oûdhoubi l-Lâh. Ceci est totalement contraire au tawhîd. Allâh est exempt du changement et de tout les attributs des créatures.
– Ici, l’Imâm Al-Boukhâri dit que « ad-dahik » au sujet de Allâh vient dans le sens de la miséricorde (ar-rahmah). Et l’Imâm Al-Khattâbi précise que l’interprétation de « ad-dahik » dans le sens de l’agrément (ar-ridâ) est encore meilleure.
– Cette interprétation de l’Imâm Al-Boukhâri a également été rapportée par l’Imâm Al-Bayhaqi [voir l’article : ici] .
– De nombreuses interprétations ont été données par d’autres grands savants, ceci fera l’objet d’articles (إن شاء الله).
– L’Imâm Zaynou d-Dîn Ibnou l-Mounayyir (m.695 h.) a dit : « Yad-hak c’est-à-dire Il agrée (yardâ) » [Dans son livre Tafsîr Mouchkilât Ahâdith youchkilou dhâhirouhâ]
– Le hadîth dont il est question est le suivant : Le Messager de Allâh (صلى الله عليه وسلم) a dit :
« يضحك الله إلى رجلين يقتل أحدهما الآخر يدخلان الجنة، يقاتل هذا في سبيل الله فيقتل، ثم يتوب الله على القاتل فيقاتل فيستشهد »
[Rapporté par Al-Boukhâri et Mouslim]
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