Chaykh Al-Mârighni : unanimité sur l’interprétation des textes équivoques

      

Dans son commentaire de la ‘Aqîdah As-Sanoûssiyah As-Soughrâ intitulé « Tâli’ou l-Bouchrâ » (Page 75 et 76 de cette édition), le Chaykh Al-Mârighni Az-Zaytoûni Al-Mâliki a dit :

« فإذا وجدت في كلام الله أو كلام رسوله ما يوهم المماثلة فلا تعتقد ظاهره لإجماع العلماء على تأويله أي صرفه عن ظاهره »

« Si tu trouves dans la parole de Allâh ou la parole de Son Messager ce qui laisserait croire à une ressemblance [de Allâh avec Ses créatures] alors tu ne dois pas en croire le sens apparent, du fait de l’unanimité des savants qu’il faut en réaliser l’interprétation (ta-wîl), c’est-à-dire le détourner de son sens apparent »

Informations utiles :

– Le Chaykh, Al-‘Allâmah (l’illustre savant) Ibrâhîm Ibnou Ahmad Al-Mârighni At-Toûniçi Az-Zaytoûni Al-Mâliki est décédé 1349 de l’Hégire (رحمه الله), c’est-à-dire il y a environ 85 ans. Il était l’un des savants de référence de l’université Az-Zaytoûnah en Tunisie. Il faisait d’ailleurs partie des chouyoûkh du grand Chaykh Ibnou ‘Âchoûr Az-Zaytoûni Al-Mâliki.  Ce livre « Tâli’ou l-Bouchrâ» a reçu l’agrément des savants de Zaytoûnah, ils l’ont approuvé, l’ont déclaré conforme à la croyance sunnite et ils l’ont choisi comme livre d’enseignement de référence à Zaytoûnah.

– Ici, le Chaykh Al-Mârighni explique que les versets et hadîth équivoques, c’est-à-dire dont le sens apparent impliquerait d’attribuer à Allâh une ressemblance avec Ses créatures, doivent impérativement être interprété. C’est-à-dire qu’il n’est pas permis de les prendre selon leurs sens apparents. Il précise que ce jugement fait l’objet de l’unanimité des savants.

– Sache qu’il existe deux méthodologies correctes face aux textes équivoques :

  • La première : croire en ce qui est révélé dans les Textes sans rentrer dans les détails du sens, tout en exemptant Allâh de toutes ressemblances et caractéristiques des créatures (c’est ce qu’on appelle tafwîd ou encore interprétation globale -ta-wîl ijmâliyy-). Voici quelques exemples :

L’Imâm Aboû Hanîfah concernant l’Istiwâ [Dans son livre Al-Wasiyyah]

L’Imâm Aboû Hanîfah concernant le Yad [Dans son livre Al Fiqh al Akbar]

L’Imâm Mâlik concernant l’Istiwâ [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par Al-Qayrawâni] et [Rapporté par Al-’Azzâmi] et [Rapporté par Al-Qourtoubi] et [Rapporté par Ibn Kathîr]

L’Imâm Ibn Hibbân concernant le hadîth du Nouzoûl [Dans son Sahîh]

  • La seconde : Interpréter selon un sens digne d’être attribué à Allâh et valable dans la langue (c’est ce qu’on appelle l’interprétation détaillée – ta-wîl tafsîliyy -). Voici quelques exemples :

L’Imâm Ibn ‘Abbâs concernant le Sâq [Rapporté par At-Tabari] et [Rapporté par Al-Bayhaqi]

L’Imâm Al-Boukhâri concernant le Wajh [Dans son Sahîh]

L’Imâm Ahmad concernant le verset : “wa jâ-a rabbouka” [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par As-Sa’idi] et [Rapporté par Al-Hisni]

L’Imâm At-Tabarâni concernant l’Istiwâ [Dans son Tafsîr]

  • Ces deux voies qui sont toutes les deux correctes ont en commun de ne pas prendre le sens apparent. Remarquons que les savants du Salaf, bien qu’ils utilisaient majoritairement l’interprétation globale, ils avaient quelque fois recours à l’interprétation détaillée également, comme cela apparaît dans les exemples ci-dessus.
  • Quant au fait de prendre le sens apparent des textes (versets et hadîth) équivoques, c’est-à-dire le sens qui impliquerait d’attribuer à Allâh une ressemblance avec Ses créatures, il s’agit là de la voie des mouchabbihah (assimilationnistes), et cela est rejeté  par unanimité des savants.

– De nombreux savants ont mentionné les deux méthodologies valables concernant les versets équivoques (moutachâbih), parmi eux :

– Le Chaykh Al-Mârighni a également rapporté l’unanimité sur le fait qu’attribuer le corps à Allâh est de la mécréance, par sa parole : « … et la mauvaise croyance comme la croyance que le monde n’a pas de début ou qu’il y aurait plusieurs divinités ou que Allâh ta’âlâ serait un corps, et celui qui a cette croyance est mécréant à l’unanimité » [Tâli’ou l-Bouchrâ]

– L’unanimité (ijmâ’) est une preuve dans la religion. En effet le prophète (صلى الله عليه وسلم) nous a enseigné que les savants de sa communauté ne seront jamais unanime sur un égarement, par sa parole « إنّ أُمَّتي لا تجتمع على ضلالة  » ce qui a pour sens : « Ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement. » [Hadîth sahîh (authentique) rapporté selon différentes versions par Al-Hâkim, At-Tirmidhi, Ibnou Mâjah, Aboû Dâwoûd et autres en des termes proches]. A ce sujet :

  • L’Imâm Al-Jouwayni a dit : « L’unanimité (Ijmâ’) de cette communauté (Oummah) est une preuve à elle seule, en raison de la parole du prophète : “لا تجتمع أمتي على ضلالة” [ce qui a pour sens : ] ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement » [Al-Waraqât]
  • L’Imâm An-Nawawi a dit : « Les fondements de la religion sont quatre : le Livre (le Qour-ân), la Sounnah, l’unanimité (ijmâ’) et le Qiyâs (des savants moujtahid).» [Al-Maqâçid]
  • Le Moufti de La Mecque, le Chaykh Ahmad Ibnou Zayni Dahlân a dit : « L’unanimité de la Oummah est une preuve dans la religion, comme l’a indiqué le prophète : “لا تجتمع أمتي على ضلالة” [ce qui a pour sens : ] ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement » [Dans son livre Fitnatou l-Wahhâbiyyah]

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