Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i : ne pas prendre le sens apparent des Textes équivoques

Sujet : Comment aborder les Textes équivoques

 

Dans son livre Al-Bourhân al-Mou-ayyad (page 14 de cette édition), l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit :

« صونوا عقائدكم من التمسك بظاهر ما تشابه من الكتاب والسنة فانّ ذلك من أصول الكفر »

« Préservez vos croyances de l’attachement au sens apparent de ce qui n’est pas explicite parmi les expressions du Livre [le Qour-ân] et de la Sounnah, car c’est une des sources de mécréance »

Informations utiles :

– Al-Imâm al-Kabîr (le Grand Imâm), le Chaykh, le Mouhaddith (spécialiste de la science du Hadîth), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le Moufassir (spécialiste de l’explication du Qour-ân), Al-‘Ârifou bi l-Lâh, As-Sayyid (descendant du prophète) Ahmad ibn ‘Ali ibn Yahyâ Ar-Rifâ’i Al-Houçayni Ach-Châfi’i est né en 516 et il est décédé en 578 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a environ 900 ans. Il est le fondateur de la Tarîqah Rifâ’iyyah. Il était un maître connaisseur, un ascète, un saint véridique qui a suivi la droiture dans l’obéissance à Allâh, un savant éminent, un des océans de la science, l’un de ceux qui œuvrent conformément à leur science.

  • Ibnou l-Athîr a dit le concernant: « Il était vertueux, il était grandement accepté par les gens et avait des élèves si nombreux qu’on ne peux les énumérer »
  • Ibn Khallikân a dit de lui : « Il était un homme vertueux, un Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) châfi’ite » [Wafayâtou l-A’yân]
  • Adh-Dhahabi a dit à son sujet : « L’Imâm, le modèle (al-qoudwah), l’adorateur, l’ascète (zâhid), le Chaykh des ‘Ârifîn »[Siyar A’lâmi n-Noubalâ]
  • Ibn ‘Imâd Al-Hambali a dit de lui : « Le Chaykh, l’ascète (zâhid), le modèle (al-qoudwah)»

– Ici, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i indique comment préserver sa croyance de la mauvaise compréhension des Textes de la religion. Il explique que nous ne devons pas prendre le sens apparent des Textes du Qour-ân et de la Sounnah qui sont moutachâbih (équivoques, non explicites). Et il précise que le fait de les prendre selon le sens apparent est l’une des sources de mécréance.

Important : Les versets et hadîth équivoques, c’est-à-dire dont le sens apparent impliquerait d’attribuer à Allâh une ressemblance avec Ses créatures, doivent impérativement être interprété. C’est-à-dire qu’il n’est pas permis de les prendre selon leurs sens apparents. Ce jugement fait l’objet de l’unanimité des savants.

  • Le Chaykh Al-Mârighni Az-Zaytoûni Al-Mâliki a dit : « Si tu trouves dans la parole de Allâh ou la parole de Son Messager ce qui laisserait croire à une ressemblance [de Allâh avec Ses créatures] alors tu ne dois pas en croire le sens apparent, du fait de l’unanimité des savants qu’il faut en réaliser l’interprétation (ta-wîl), c’est-à-dire le détourner de son sens apparent » [Tâli’ Al-Bouchrâ]

– En effet, celui qui comprend du terme yad lorsqu’il est attribué à Allâh le sens apparent, à savoir le sens de la partie corporelle, c’est-à-dire la main, il aura attribué à Allâh une caractéristique propre aux créatures et aura donc commis de la mécréance. De même pour celui qui comprend du terme ‘ayn lorsqu’il est attribué à Allâh le sens de l’œil, ou celui qui comprend du terme istawâ lorsqu’il est attribué à Allâh la position assise, l’établissement, ou l’élévation physique et spatiale. Ou encore celui qui croit que le nouzoûl de Allâh est un déplacement de Son Être. Et ainsi de suite pour les autres expressions équivoques.

– C’est pour cela que l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Purifiez vos croyances d’expliquer le sens de l’istiwâ à Son sujet ta’âlâ, par l’établissement, comme l’istiwâ des corps sur les corps, qui impliquerait l’incarnation ou l’occupation d’un endroit. Allâh est exempt de cela. Et ne dites pas (à Son sujet) « au-dessus » ou « en dessous », ne Lui attribuez pas l’endroit ; ne dites pas que le yad et le ‘ayn [au sujet de Allâh] sont des organes [c’est-à-dire une main et un oeil] ; ne dites pas que le nouzoul [au sujet de Allâh] est une venue ou un déplacement » [Al-Bourhân al-Mou-ayyad]

– Sache qu’il existe deux méthodologies correctes face aux Textes équivoques :

  • La première : croire en ce qui est révélé dans les Textes sans rentrer dans le détails du sens, tout en exemptant Allâh de toutes ressemblances et caractéristiques des créatures (c’est ce qu’on appelle tafwîd ou encore interprétation globale -ta-wîl ijmâliyy-). Voici quelques exemples :
  1. L’Imâm Aboû Hanîfah concernant l’Istiwâ [Dans son livre Al-Wasiyyah]
  2. L’Imâm Aboû Hanîfah concernant le Yad [Dans son livre Al Fiqh al Akbar]
  3. L’Imâm Mâlik concernant l’Istiwâ [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par Al-Qayrawâni] et [Rapporté par Al-’Azzâmi] et [Rapporté par Al-Qourtoubi] et [Rapporté par Ibn Kathîr]
  4. L’Imâm Ibn Hibbân concernant le hadîth du Nouzoûl [Dans son Sahîh]
  • La seconde : Interpréter selon un sens digne d’être attribué à Allâh et valable dans la langue (c’est ce qu’on appelle l’interprétation détaillée – ta-wîl tafsîliyy -). Voici quelques exemples :
  1. L’Imâm Ibn ‘Abbâs concernant le Sâq [Rapporté par At-Tabari] et [Rapporté par Al-Bayhaqi]
  2. L’Imâm Al-Boukhâri concernant le Wajh [Dans son Sahîh]
  3. L’Imâm Ahmad concernant le verset : “wa jâ-a rabbouka” [Rapporté par Al-Bayhaqi] et [Rapporté par As-Sa’di] et [Rapporté par Al-Hisni]
  4. L’Imâm At-Tabarâni concernant l’Istiwâ [Dans son Tafsîr]
  • Ces deux voies qui sont toutes les deux correctes ont en commun de ne pas prendre le sens apparent. Remarquons que les savants du Salaf, bien qu’ils utilisaient majoritairement l’interprétation globale, ils avaient quelque fois recours à l’interprétation détaillée également, comme cela apparaît dans les exemples ci-dessus.
  • Quant au fait de prendre le sens apparent des Textes (versets et hadîth) équivoques, c’est-à-dire le sens qui impliquerait d’attribuer à Allâh une ressemblance avec Ses créatures, il s’agit là de la voie des mouchabbihah (assimilationnistes), et cela est rejeté par l’unanimité des savants.

– De nombreux savants ont mentionné les deux méthodologies valables concernant les Textes équivoques (moutachâbih), parmi eux :

– Que chacun garde en tête la précieuse parole de l’Imâm At-Tahâwi qui a dit : « Celui qui attribue à Allâh l’une des significations propres aux humains est devenu mécréant. Celui qui aura bien compris cela en aura tiré des leçons et se sera écarté des propos semblables à ceux des mécréants, il aura su que Allâh avec Ses attributs n’est pas semblable aux humains » [Al-‘Aqîdah At-Tahâwiyyah], voilà la croyance correcte et la voie des gens de la Sounnah.

– Voici d’autres citations précieuses de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i dans la croyance :

  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « La limite de notre connaissance de Allâh c’est d’avoir la certitude que Son existence, ta’âlâ, est sans comment et sans endroit » [Hikam ach-Chaykh Ahmad Ar-Rifâ’i Al-Kabîr]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Allâh n’est pas incarné dans quoi que ce soit et rien n’est incarné en Lui. Allâh est exempt d’être contenu dans un endroit tout comme Il est exempt d’être limité par le temps. Son existence prime sur la création de l’endroit et du temps et Il est maintenant tel qu’Il est de toute éternité » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Allâh ta’âlâ n’est pas limité par les quantités ni inclus par les étendues ni englobé par les directions ni contenu par les cieux et Allâh moustawin ‘ala l-‘arch –le Trône– dans le sens qu’Il dit et qu’Il vise, d’un istiwâ qui est exempt du contact, de l’établissement, de l’occupation d’un endroit, du déplacement ou du changement. Il n’est pas porté par le trône, au contraire, le Trône et les anges qui portent le Trône sont maintenus par Sa toute-puissance et dominés par Lui. Il est fawqa l-‘arch –supérieur au Trône– et fawqa koulli chay– supérieur à toute chose– jusqu’aux cieux, d’une fawqiyyah- supériorité– qui ne Le rend pas plus proche du Trône ou des cieux mais qui veut dire qu’Il a l’élévation du mérite par rapport au Trône tout comme Il a l’élévation du mérite par rapport aux cieux » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Allâh n’est pas un corps doté d’une image, Il n’est pas non plus une substance élémentaire, Il ne ressemble pas aux corps, dans le sens où Il n’est pas limité, ou divisé. Il n’est pas une substance et Il n’est pas composé de substance, Il n’est pas un attribut des substances et n’existe pas dans un attribut des substances. Non, Il ne ressemble pas aux choses qui existent, rien de semblable à Lui n’existe. {لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَيْءٌ} (layça kamithlihi chay) ce qui a pour sens : « Rien n’est tel que Lui », et Il n’est pas comme quoi que ce soit. Il n’est pas limité ni circonscrit. Il n’est pas entouré par les directions, et Il n’est pas contenu par les cieux. » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit au sujet de Allâh : « Il est exempt du changement et du déplacement » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit au sujet de Allâh : « Il voit sans globe oculaire [c’est-à-dire sans oeil] ni paupières, Il entend sans tympans ni oreilles » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit au sujet de Allâh : « Il parle, Il ordonne, interdit, promet et menace par une parole qui n’a ni début ni fin et qui est propre à Son Être. Elle n’a pas de ressemblance avec la parole des créatures. Elle n’est pas un son produit par l’écoulement de l’air ou par le choc de corps entre eux, ni des lettres qui sont prononcées en fermant une lèvre ou en bougeant une langue. » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Nous croyons que Moûçâ a entendu la parole de Allâh sans lettre, ni son. » [Ad-Dourratou s-Sâmiyah fî Ma’rifati fadâ-ili souloûki t-Tarîqati r-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit au sujet de Allâh: « Il entend sans oreille, Il voit sans globe oculaire [c’est-à-dire sans œil] et Il parle sans langue. Allâh est éternel sans début ainsi que Ses attributs, Il n’a pas d’attributs qui entre en existence, Sa parole n’est pas par les lettres et les sons, mais les lettres et les sons sont une expressions de Sa parole. Et Allâh ta’âlâ n’est pas un corps, ni une substance (jawhar), ni une caractéristique des substances (‘arad), Il n’est ni sur (ou au-dessus d’) un endroit, ni dans un endroit mais Il existe de toute éternité alors que le temps et l’endroit n’existait pas. Et Allâh ta’âlâ n’est pas une image, et tout ce que tu t’imagines ou te représentes dans ton esprit, sache que c’est Allâh qui en est Le Créateur, et Allâh ne ressemble à rien de ce qu’Il crée, Son Être ne ressemble pas aux êtres des créatures, tout comme Ses attributs ne ressemblent pas aux attributs des créatures, tout comme Il le dit : {لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَيْءٌ وَهُوَ السَّمِيعُ الْبَصِيرُ} [ce qui a pour sens : ] « Rien n’est tel que Lui et Il est Celui qui a pour attribut l’ouïe et la vue ».» [Al-Majâlis ar-Rifâ’iyyah]
  • L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ’i a dit : « Les gens du paradis verront leur Seigneur, avec leurs yeux sans ressemblance, sans Le cerner, sans comment, sans qu’Il soit de face, sans qu’Il soit dans un endroit ni dans l’une des six directions » [Al-Majâlis ar-Rifâ’iyyah]

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.