Sujet : Le tawassoul est permis et pratiqué par les compagnons.
Dans son célèbre recueil de hadîth, l’Imâm Al-Boukhâri rapporte d’après le compagnon Anas Ibnou Mâlik qu’il a dit :
« أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه كان إذا قحطوا استسقى بالعباس بن عبد المطلب فقال اللهم إنا كنا نتوسل إليك بنبينا فتسقينا وإنا نتوسل إليك بعم نبينا فاسقنا قال فيسقون »
« Lors des périodes de sécheresses, ‘Oumar Ibnou l-Khattâb (رضي الله عنه) réalisait la demande de pluie (istisqâ) par le biais de Al-‘Abbâs Ibnou ‘Abdi l-Mouttalib. Il disait : Ô Allâh nous réalisions le tawassoul à toi par notre Prophète et tu nous accordais la pluie, et nous réalisons le tawassoul par le biais de l’oncle de notre Prophète, alors accorde nous la pluie. Et il a dit [c’est-à-dire Anas Ibnou Mâlik] : « la pluie leur a été accordé ».
Informations utiles :
– L’Imâm, le Chaykh des Mouhaddith Aboû ‘Abdi l-Lâh Mouhammad Ibnou Ismâ’îl Al-Boukhâri, l’auteur du célèbre « Sahîh » connu comme étant le livre le plus authentique après le Qour-ân, est né en 194 et il est décédé en 256 de l’Hégire (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 1175 ans. Il est une référence incontournable dans la science du hadîth. Consultez sa biographie : ici.
– L’Illustre Compagnon, Amîr al-Mou-minîn, Aboû Hafs, ‘Oumar Ibnou l-Khattâb est décédé en 23 de l’hégire (رضي الله عنه) c’est-à-dire il y a environ 1410 ans. Le prophète (صلى الله عليه وسلم) a fait son éloge en de nombreuses occasions. Il l’a surnommé Al-Fâroûk (c’est-à-dire celui qui discerne le vrai du faux). Il a dit a son sujet (ce qui a pour sens) : « Allâh a fait que la vérité sorte de la bouche de ‘Oumar et qu’elle soit dans son cœur. » et il a dit également (ce qui a pour sens) : « Si il y avait un prophète après moi, se serai ‘Oumar ». ‘Oumar fait également parti des compagnons à qui le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a annoncé qu’ils auraient le Paradis.
– Ici, il est rapporté par l’Imâm Al-Boukhâri avec sa chaîne de transmission sahîh (authentique) que le Calife ‘Oumar Ibnou l-Khattâb (رضي الله عنه) a réalisé le tawassoul par Al-‘Abbâs (رضي الله عنه), l’oncle paternel du prophète (صلى الله عليه وسلم).
– Il y a dans ce hadîth une réplique suffisante à ceux qui renie le tawassoul dans l’absolu, par le biais d’un vivant ou d’un mort, et à ceux qui prétendent qu’il ne serait permis de réaliser le tawassoul que par le biais du prophète (صلى الله عليه وسلم).
– Le Hâfidh Ibnou Hajar Al-‘Asqalâni a dit dans le commentaire de ce hadîth : « On tire comme profit de cette histoire avec Al-‘Abbâs, le caractère très recommandé (moustahabb) de la demande d’intercession (istichfâ’) par les gens de bien, par les vertueux et par les proches parents musulmans du prophète (ahlou l-Bayt)» [Dans son commentaire du Sahîh Al-Boukhâri : Fat-hou l-Bârî]
– Le Moufti de La Mecque, le Chaykh Ahmad Ibnou Zayni Dahlân a dit : « ‘Oumar Ibnou l-Khattâb (رضي الله عنه) durant la période de son Califat, a réalisé la demande de pluie (istisqâ) par le biais de Al-‘Abbâs Ibnou ‘Abdi l-Mouttalib, lorsque s’était intensifié la famine durant l’année de la secheresse, et ils ont obtenu la pluie […] il y a clairement dans cela la pratique du tawassoul, et ceci invalide la parole de ceux qui interdisent le tawassoul dans l’absolu, que le tawassoul ait lieu par un vivant ou par un mort, ainsi que la parole de ceux qui interdisent le tawassoul par tout autre que le prophète (صلى الله عليه وسلم) » [Dans son livre Ad-Dourarou s-Saniyyah fî Raddi ‘ala l-Wahhâbiyyah]
– Cet acte du Calife ‘Oumar Ibnou l-Khattâb nous montre la mauvaise compréhension de ceux qui interdisent la pratique du tawassoul en se basant sur le hadîth :
« إذا سَأَلْتَ فَاسْألِ اللهَ وَ إذا اسْتَعَنْتَ فَاسْتَعِنْ بِاللهِ »
[qui a pour sens : ] « Si tu demandes alors demande à Allâh et si tu recherches l’aide alors recherche là par Allâh ». En effet, ni ‘Oumar, ni aucun autre compagnon n’a compris de ce hadîth qu’il ne serait pas permis de demander ou de rechercher de l’aide à autre que Allâh ni de pratiquer le tawassoul. En effet, aucun compagnon n’a blâmé ‘Oumar pour sa pratique du tawassoul, et aucun d’entre eux ne lui a répliqué par ce hadîth.
– Le Mouhaddith Al-Harari a dit : « Le sens du hadîth, c’est que Celui à qui tu demandes en priorité c’est Allâh. Parce que Allâh ta’âlâ est le Créateur du bien et du mal, c’est le Créateur des profits et des nuisances. Et ce hadîth ressemble du point de vue du sens au hadîth du Sahîh de Ibnou Hibbân dans lequel le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a dit :
لا تُصَاحِبْ إلّا مُؤمِناً وَ لا تَأكُل طَعَامَكَ إلّا تَقِي
[qui a pour sens] : « Ne tiens la compagnie que d’un croyant et ne mange de ta nourriture qu’un pieux ».
Là encore, le hadîth signifie seulement que celui qui te tiens compagnie ou à qui tu tiens compagnie, en priorité c’est le musulman. De même celui qui est prioritaire pour que tu lui donnes de ta nourriture, c’est le musulman pieux. Ainsi, le Prophète (صلى الله عليه وسلم) n’a pas visé dans ce hadîth qu’il ne serait pas permis d’avoir la compagnie d’un non musulman, mais ce que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a visé c’est que celui qui est prioritaire dans la compagnie est le croyant. Et de même dans la deuxième partie du hadîth [qui a pour sens] : « et ne donne à manger qu’à un pieux », le Prophète (صلى الله عليه وسلم) a voulu par cela, que celui qui est prioritaire pour que tu lui donnes à manger c’est le pieux. Donc le hadîth :
إذا سَأَلْتَ فَاسْألِ اللهَ وَ إذا اسْتَعَنْتَ فَاسْتَعِنْ بِاللهِ
Son sens véritable est : « si tu demandes alors demandes en priorité à Allâh ». Il n’y a aucune preuve dans ce hadîth en faveur de ceux qui rejettent le tawassoul par les prophètes et les saints, le fait d’invoquer Allâh par eux. Parce que son sens est celui que nous avons donné.» fin de citation du Chaykh Al-Harari.
– De même dans le livre « ‘Aqîdatou l-Mouslimîn» ayant reçu l’approbation de l’Université Islamique Al-Azhar, il est dit : « Question 42 : Qu’est-ce qui est visé par la parole du Messager :
إذا سَأَلْتَ فَاسْألِ اللهَ وَ إذا اسْتَعَنْتَ فَاسْتَعِنْ بِاللهِ
Réponse : Cela signifie qu’en priorité on demande à Allâh et en priorité on demande l’aide à Allâh. Cela ne signifie pas qu’on ne demande pas à autre que Allâh ou qu’on ne demande pas l’aide à autre que Allâh. Ceci est semblable au hadîth de Ibnou Hibbân :
لا تُصَاحِبْ إلّا مُؤمِناً وَ لا تَأكُل طَعَامَكَ إلّا تَقِي
C’est-à-dire qu’on offre à manger en priorité a une personne pieuse et qu’on cherche la compagnie du croyant en priorité. Cela ne signifie pas qu’il est interdit d’offrir à manger à celui qui n’est pas croyant et qu’il est interdit de l’avoir pour compagnon. En effet, Allâh ta’âlâ a fait l’éloge des musulmans dans le Qour-ân par Sa parole :
وَيُطۡعِمُونَ ٱلطَّعَامَ عَلَىٰ حُبِّهِۦ مِسۡكِينً۬ا وَيَتِيمً۬ا وَأَسِيرًا
[Soûrat Al-Insân / 8] ce qui signifie : « Ils donnent à manger la nourriture qu’ils aiment au pauvre, à l’orphelin et au captif». Le captif ici désigne le captif non musulman. Il a par ailleurs été rapporté dans les Sahîh de Mouslim et de Al-Boukhâri que trois personnes ont demandé à Allâh par leurs bons actes.» fin de citation du livre ‘Aqîdatou l-Mouslimîn.
– Point important : Le tawassoul de ‘Oumar Ibnou l-Khattâb par le biais de Al-‘Abbâs n’est pas une preuve qu’il serait interdit de faire le tawassoul par le prophète après son décès. En effet, il est parvenu dans le hadîth de ‘Outhmân Ibnou Hounayf [Rapporté par At-Tabarâni] et le hadîth de Bilâl Ibnou l-Harîth Al-Mouzani au temps du Califat de ‘Oumar [Rapporté par Ibn Kathîr] et [Rapporté par Al-Hisni] et [Rapporté par Adh-Dhahabi] et [Rapporté dans le livre ‘aqîdatou l-Mouslimîn approuvé par Al-Azhar] qui sont tout deux authentiques (sahîh), que les compagnons pratiquaient le tawassoul par le prophète, même après son décès. Mais ‘Oumar n’a fait cela que pour tenir compte de l’honneur de la parenté de Al-‘Abbâs avec le prophète (صلى الله عليه وسلم). La preuve en est la parole de Al-‘Abbâs lorsque ‘Oumar l’a fait avancer : « Ô Allâh, les gens se sont adressés à Toi par moi, pour ma parenté avec Ton prophète » ceci ayant été rapporté par Az-Zoubayr Ibnou Bakkâr tout comme l’a dit le Hâfidh Ibnou Hajar dans Fat-hou l-Bârî. De plus, le Hâfidh Al-Hâkim a rapporté que ‘Oumar a dit lors d’un discours : « Ô gens, certes le Messager de Allâh considérait Al-‘Abbâs comme un fils considère son père. Alors prenez exemple sur lui en son oncle Al-‘Abbâs et prenez-le pour cause (waçîlah) dans vos demandes à Allâh » [Al-Moustadrak]. De plus, le simple fait de délaisser une chose n’implique pas que cette chose soit illicite.
– Le tawassoul est le fait de demander à Allâh l’obtention d’un profit ou l’empêchement d’une nuisance et ce, par la mention du nom d’un prophète ou d’un saint, par honneur pour celui par lequel le tawassoul est fait. Faire le tawassoul est permis en leur présence et en leur absence tout comme l’indique les preuves selon la Loi de l’Islâm. Le tawassoul ne constitue donc pas une adoration pour autre que Allâh.
– Le prophète (صلى الله عليه وسلم) enseigna lui-même le tawassoul aux compagnons et les compagnons le pratiquaient également après son décès (صلى الله عليه وسلم). [Rapporté par At-Tabarâni]
– Ainsi, le tawassoul est une pratique qui est permise selon l’unanimité des musulmans comme le rapporte l’Imâm Taqiyyou d-Dîn As-Soubki [Dans son livre Chifâ-ou s-Saqâm]
– L’adoration (al-‘Ibâdah) : c’est l’extrême limite de la crainte et de la soumission, comme l’a mentionné l’Imâm Moujtahid, le Hâfidh (spécialiste du Hadîth), le Loughawi (spécialiste de la langue Arabe) Taqiyyou d-Dîn As-Soubki.
Ainsi le simple fait d’appeler (nidâ) un vivant ou un mort ne constitue pas une adoration d’autre que Allâh, ni le simple fait de glorifier (ta’dhîm) ou de faire al-istighâthah (la recherche du renfort) par autre que Allâh. De même, le simple fait de visiter la tombe d’un saint pour le tabarrouk (la recherche des bénédictions) ne constitue pas une adoration d’autre que Allâh. De même, le simple fait de demander ce qu’il n’est pas habituel de demander aux gens ne constitue pas une adoration d’autre que Allâh. De même, la formule de al-isti’ânah (demande d’aide) à autre que Allâh ta’âlâ ne constitue pas une adoration d’autre que Allâh. Egalement, la simple humilité n’est pas une adoration envers autre que Allâh car sinon, tous ceux qui font preuve d’humilité avec les rois et les nobles seraient devenus mécréants.
C’est-à-dire que tout cela n’est pas du chirk (le fait d’attribuer des associés à Allâh), car la définition de l’adoration (al-‘ibâdah) selon les spécialistes de la langue ne s’applique pas à tout cela. En effet, pour eux, l’adoration (al-‘ibâdah) comme nous venons de le voir est l’obéissance avec la soumission. Voir à ce sujet l’explication de l’Imâm du Salaf, le Loughawi (spécialiste de la langue Arabe) Aboû Is-hâq Ibrâhîm Az-Zajjâj : ici.
– Retrouvez d’autres articles au sujet du tawassoul et du tabarrouk : ici.