Le Chaykh Ibnou l-Athîr explique le ghadab de Allâh

Sujet : Allâh n’est pas concerné par la colère.

   

Dans son livre « An-Nihâyatou fî Gharîbi l-Hadîthi wa l-Athar » [tome 3 page 370 de cette édition], le Chaykh Ibnou l-Athîr a dit :

غضب: قد تكرر ذكر (الغضب) في الحديث من الله تعالى ومن الناس، فأما غضب الله فهو إنكاره على من عصاه وسخطه عليه وإعراضه عنه ومعاقبته له، وأما من المخلوقين فمنه محمود ومذموم، فالمحمود ما كان في جانب الدين والحق، والمذموم ما كان في خلافه.»

« La mention du ghadab se répète dans les hadîth concernant Allâh ta’âlâ et concernant les gens. Concernant Allâh, il s’agit de Sa réprobation de celui qui Lui désobéit et du châtiment qu’Il lui inflige. Quant au ghadab des créatures [qui vient dans le sens de la colère], il y a celle qui est louable et celle qui est blâmable. Celle qui est louable est celle qui est en conformité avec la religion et la vérité et celle qui est blâmable est celle qui est contraire à cela »

Informations utiles :

– Al-‘Allâmah (l’illustre savant), le Qâdî (Juge) Majdou d-Dîn Abou s-Sa’âdât Al-Moubârak Ibn Mouhammad Ibn ‘Abdi l-karîm Ibn ‘Abdi l-Wâhid, Ibnou l-Athîr Ach-Chaybâni Al-Jazari, est né en 544 et il est décédé en 606 de l’Hégire (رحمه الله), c’est-à-dire il y a plus de 800 ans. [Ne pas le confondre avec son frère, le célèbre Historien ‘Ali ‘Izzou d-Dîn Ibnou l-Athîr qui est décédé en 630 de l’Hégire (رحمه الله)]

– Ici, le Chaykh Ibnou l-Âthir explique que le sens du terme « ghadab » lorsqu’il est employé au sujet de Allâh a un sens différent que lorsqu’il est employé au sujet des créatures. En effet au sujet des créatures le terme « ghadab » signifie la colère, mais au sujet de Allâh, ce mot a un sens différent.

– Les savants ont donné la règle suivante : La similarité dans les termes n’implique pas la similarité dans la signification. Cela signifie que lorsqu’un même terme est employé au sujet de Allâh et au sujet d’une créature alors la signification sera différente.

– Ainsi, au sujet de Allâh on ne traduit pas « ghadab » par « colère », car la colère est un changement d’humeur et Allâh n’est pas concerné par le changement.

– Les savants ont dit que  le mot « ghadab » lorsqu’il est employé au sujet de Allâh signifie « la volonté éternelle de Allâh de faire parvenir un châtiment ».

– Allâh ta’âlâ a dit dans Son livre honoré {لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَيْءٌ} [Ce qui a pour sens] : « Rien n’est tel que Lui – d’aucune façon que ce soit -».

– Ainsi concernant le verset {صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ} [Soûrat Al-Fâtihah] on ne traduit pas (al-maghdoûb) par « la colère » mais on l’explique par « la volonté éternelle de Allâh de faire parvenir un châtiment ». En effet, les attributs de Allâh n’ont pas de ressemblance avec les attributs des créatures, Allâh n’est donc pas concerné par la colère qui est un attribut des créatures. La colère indique un changement, et ceci est impossible au sujet de Allâh. Ainsi, on pourrait traduire ce verset en disant : « La voie (c’est-à-dire la religion) de ceux que Tu as honorés et non la voie de ceux à qui Allâh destine le châtiment, ni la voie des égarés ».

– Parmi les savants qui ont confirmé cela :

  • L’Imâm Aboû Hanîfah (m. 80 H.) a dit au sujet de Allâh : « Son ghadab et Son ridâ sont deux de Ses attributs sans comment (bilâ kayf) » [Dans son livre Al-Fiqhou l-Akbar]. Ainsi, en niant le comment (kayf), l’Imâm Aboû Hanîfah confirme que ces deux attributs ne sont pas des sentiments, des humeurs, des changements d’état etc.
  • Le Chaykh Ibnou ‘Ourfah Naftawayh (m.323 H.) a dit : « Le ghadab concernant les créatures [qui vient dans le sens de la colère] est une chose qui pénètre dans leurs cœurs, et il y a celle qui est louable et celle qui est blâmable. Celle qui est blâmable est celle qui est sans droit. Et celle qui est louable est celle qui est en conformité avec la religion et la vérité. Quant au ghadab de Allâh [qui n’est pas dans le sens de la colère] il s’agit de Sa réprobation de ceux qui Lui ont désobéit, ainsi Il leur inflige un châtiment » [Rapporté par Ibnou Mandhoûr dans liçânou l-‘Arab]
  • L’Imâm Al-Mâziri Al-Mâliki (m.536 H.) a dit : « Le ghadab de Allâh et Son ridâ reviennent tout deux à Sa volonté » [Rapporté par le Hâfidh Al-‘Irâqi dans son livre Tarhou t-Tathrîb fî charhi t-Taqrîb]
  • Le Hâfidh Ibnou l-Qattân Al-Fâçi Al-Mâliki (m.628 H.) a dit : « Le ridâ de Allâh est Sa volonté de leur accorder une félicité […] et Son ghadab est Sa volonté de châtier » [Al-Iqnâ’]
  • L’Imâm Zaynou d-Dîn Ibnou l-Mounayyir (m.695 h.) a dit : « [le terme] yaghdab [au sujet de Allâh] c’est-à-dire qu’Il veut les châtier » [Dans son livre Tafsîr Mouchkilât Ahâdith youchkilou dhâhirouhâ]
  • L’Imâm Taqiyyou d-Dîn As-Soubki (m.756 H.) a dit : « Le ghadab de Allâh ta’âlâ signifie Sa volonté de châtier des désobéissants » [Dans ses Fatâwâ]
  • Le Loughawi Ibnou Mandhoûr (m.771 H.) a dit : « L’attribution du ghadab se répète dans les hadîth concernant Allâh et concernant les gens. Concernant Allâh, il s’agit de Sa réprobation de celui qui Lui désobéit et du châtiment qu’Il lui inflige» [Dans son livre liçânou l-‘Arab]
  • Le Chaykh Sirâjou d-Dîn Al-Ghaznawi Al-Hindi (m.773 H.) a dit : « Il n’est pas voulu par Son ghadab et Son ridâ ce qui est similaire au ghadab des créatures et leur ridâ. Car le ghadab des créatures (la colère) est une expression de leur changement d’état, et parmi elle, il y a le fait que le visage rougit et que les veines du cou gonflent. Et le ridâ des créatures est une expression de beauté sur le visage et de joie. Et Allâh ta’âlâ est exempt du changement et de l’évolution d’état. Ainsi nous disons que ce qui est voulu par le ghadab de Allâh c’est Sa volonté de châtier ceux qui ont désobéi et de leur faire subir le châtiment […] Et ce qui est voulu par le ridâ de Allâh c’est Sa volonté de récompenser ceux qui sont obéissants envers Lui et de pardonner ceux qui Lui ont désobéi» [Dans son commentaire de la tahâwiyyah]
  • Le Chaykh Al-Bâbirti Al-Hanafi (m.786 H.) a tenu les mêmes propos que le Chaykh Al-Ghaznawi. Il a dit : « Il n’est pas voulu par Son ghadab et Son ridâ ce qui est similaire au ghadab des créatures et leur ridâ. Car le ghadab des créatures (la colère) est une expression de leur changement d’état, et parmi elle, il y a le fait que le visage rougit et que les veines du cou gonflent. Et le ridâ des créatures est une expression de beauté sur le visage et de joie. Et Allâh ta’âlâ est exempt du changement et de l’évolution d’état. Ainsi nous disons que ce qui est voulu par le ghadab de Allâh c’est Sa volonté de châtier ceux qui ont désobéi et de leur faire subir le châtiment […] Et ce qui est voulu par le ridâ de Allâh c’est Sa volonté de récompenser ceux qui sont obéissants envers Lui et de pardonner ceux qui Lui ont désobéi» [Dans son commentaire de la tahâwiyyah]
  • Le Chaykh Ad-Damâmîni (m.827 H.) a dit : « Le ghadab (au sujet de Allâh) signifie Sa volonté de châtier, et Sa rahmah est Sa volonté de récompenser » [Dans son livre Al-Masâbîh]
  • L’Imâm Ibnou Hajar Al-‘Asqalâni (m.852 H.) a dit : « Le ghadab (au sujet de Allâh) signifie Sa volonté de faire parvenir un châtiment » [Dans son livre Fat-hou l-Bârî]
  • L’Imâm Al-Qastallâni (m.923 H.) a dit : « Ce qui est voulu par « al-ghadab » ici (dans Soûrat Al-Fâtihah) c’est le fait de châtier ; mais le sens n’est pas le changement qui se produit lorsque la personne s’énerve (c’est-à-dire la colère), car ceci est impossible au sujet de Allâh » et il a dit également : « Le ghadab (au sujet de Allâh) signifie Sa volonté de faire parvenir un châtiment » [Dans son livre Irchâdou s-Sârî]
  • Le Mouhaddith ‘Abdou l-Lâh Al-Harari (m.1429 H.) a dit : « Il est un devoir de confirmer l’attribut de « al-ghadab » et de « ar-ridâ » à Allâh tout en exemptant Allâh ta’âlâ d’avoir un ghadab et un ridâ qui soient des changements d’humeur, mais il s’agit de deux attributs éternels, qui n’ont pas de début ni de fin» [Dans son livre Ad-Dourratou l-Bahiyyah fî Halli l-Alfhâfi l-‘Aqîdah at-Tahâwiyyah]

– Comme mentionné précédemment, les savants ont confirmé textuellement que Allâh n’est pas concerné par le changement :

  • L’Imâm Ach-Châfi’i a dit : « Allâh ta’âlâ existe de toute éternité alors qu’aucun endroit n’est de toute éternité. Il a créé l’endroit en ayant l’attribut de l’exemption de début, tout comme avant la création des endroits, le changement n’est pas possible selon la raison à Son sujet, ni pour Son Être ni pour Ses attributs » [Rapporté par Az-Zabîdi]
  • L’Imâm Al-Bâqillâni a dit : « Allâh n’est pas caractérisé par le changement » [Dans son livre Al-Insâf]
  • L’Imâm Al-Bâqillâni a dit aussi : « Allâh n’a pas changé par rapport à ce qu’Il est de toute éternité » [Al-Insâf]
  • L’Imâm Ach-Chîrâzi a dit : « Il n’est pas possible au sujet de Allâh le changement, le déplacement et le mouvement ». [Al-Ichârah ilâ madh-hab ahli l-Haqq]
  • Le Qâdî Ibnou Rouchd Al-Jadd a dit : « Il n’est pas possible au sujet de Allâh ce qui est possible concernant les substances et les corps, comme le mouvement, l’immobilité, la disparition (d’un endroit à un autre), le déplacement, le changement, ce qui peux Lui apporter un profit et ce qui peux Lui apporter une nuisance, Il n’est pas contenu par les endroits et Il ne dépend pas du temps. »[Al-Mouqaddimât al-Moumahhadât]
  • L’Imâm Ibnou l-Jawzi a dit : « Ce qu’il est un devoir de croire pour nous, c’est que l’Être de Allâh ne se divise pas, qu’Il n’est pas contenu dans un endroit et qu’Il n’est pas attribué du changement ni du déplacement » [Daf’ou Choubahi t-Tachbîh]
  • L’Imâm An-Naçafi (m. 701 H.) a dit : « Allâh ne change pas par rapport à ce qu’Il est de toute éternité »[Dans son tafsîr]
  • L’Imâm Taqiyyou d-Dîn Al-Hisni a dit : « Il est impossible au sujet de Allâh ‘azza wa jall le mouvement, le déplacement et le changement, car cela est de parmi les attributs des créatures ; et celui qui attribue cela au sujet de Allâh ta’âlâ, lui aura attribué d’être une créature et cela est de la mécréance explicite de par la contradiction que cela comporte du Qour-ân, en ce qui concerne l’exemption de Allâh [de tout ce qui est indigne de lui être attribué] pour Lui-même soubhânahou wa ta’âlâ » [Daf’ou choubahi man chabbaha wa tamarrad]
  • le Chaykh Ahmad Razâ Barilwi a dit : « Allâh n’est pas sujet aux changements. Il est maintenant tel qu’Il a toujours été de toute éternité. Et Il le sera éternellement. Il est absolument impossible qu’Il évolue d’un état à un autre.» [Qawâri’ou l-Qahhâr fi r-Raddi ‘ala l-Moujassimah al-foujjâr]
  • Le Chaykh Mahmoûd As-Soubki Al-Azhari a dit : « Quant à la voie du Salaf et du Khalaf concernant les versets et les hadiths non explicites (moutachâbih), tous se sont accordés à dire que Allâh ta’âlâ est exempt des caractéristiques des créatures, que Allâh ‘azza wa jall n’a pas d’endroit, ni au trône, ni dans le ciel, ni ailleurs. Et qu’Il n’est pas caractérisé par l’incarnation dans des choses qui seraient entrées en existence, ni par le contact avec quoi que ce soit, ni par le changement, ni par le déplacement et ce qui est du même ordre des caractéristiques de ce qui entre en existence. Mais Allâh soubhânahou wa ta’âlâ est tel qu’Il est [de toute éternité], avant qu’Il n’ait créé le trône, le piédestal, les cieux et autres choses qui sont entrées en existence. » [It-hâfou l-Kâ-inât]

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