Ibn Jubayr décrit la célébration du Mawlid à La Mecque au 6ème siècle

Sujet : La célébration du Mawlid à La Mecque

  

Dans son récit de voyage « Ar-Rihlah », lorsqu’il décrit son étape à La Mecque,  le célèbre explorateur Ibn Joubayr Al-Andalouçi a dit :

« يفتح هذا الموضع المبارك – أي منزل النبي صلى الله عليه وسلم- فيدخله الناس كافة متبركين به في شهر ربيع الأول ويوم الاثنين منه، لأنه كان شهر مولد النبي صلى الله عليه وسلم، وفي اليوم المذكور الذي ولد فيه النبي صلى الله عليه وسلم، تفتح المواضع المقدسة المذكورة كلها وهو يوم مشهود بمكة دائما »

« Ce lieu béni (c’est-à-dire la maison du prophète) est ouvert au grand public qui y rentre pour en rechercher la bénédiction (tabarrouk), chaque lundi du mois de rabî’ou l-awwal. Car il s’agit du mois dans lequel a eu lieu la naissance du prophète (صلى الله عليه وسلم), et c’est durant le jour mentionné (à savoir un lundi) qu’est né le prophète (صلى الله عليه وسلم). À cette occasion, tous les lieux bénis sont ouverts, et c’est un jour particulièrement mémorable à La Mecque »

Informations utiles :

–  Abou l-Houçayn Mouhammad Ibn Ahmad Ibn Joubayr Al-Kinâni Al-Andalouçi est né en 540 à Valence (Espagne) et il est décédé en 614 de l’Hégire en Egypte à Alexandrie (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 830 ans.

  • Liçânou d-Dîn Ibn Al-Khatîb a dit à son sujet : « Il était un homme de lettres accompli, un poète talentueux, d’une âme noble, aux mœurs honorables et à l’écriture élégante ». [Al-Ihâtah fî Akhbâr Gharnâta]

– Ici, Ibn Joubayr décrit la célébration du Mawlid par les habitants de La Mecque durant le mois de Rabî’ou l-Awwal.

– Ce récit d’Ibn Joubayr compte de parmi les sources les plus anciennes décrivant une commémoration du Mawlid. Cela eu lieu en 579 H.

– Ibn Joubayr est arrivé à La Mecque le 16 de Chawwal de l’an 579 de l’Hégire, il y est resté plus de 8 mois puis il a quitté La Mecque le jeudi 22 de Dhou l-Hijjah 579 H. pour se rendre à Médine l’illuminée tout comme cela est mentionné dans son ouvrage.

– De plus Ibn Joubayr décrit cette pratique des gens de La Mecque comme habituelle et coutumier, ce qui indique que cette célébration était en vigueur bien avant l’année 579 H.

Remarque : Ibn Joubayr précise bien que le lieu de naissance du prophète est un endroit béni (moubârak) et que les gens qui s’y rendent y pratiquent le tabarrouk, c’est-à-dire la recherche de bénédiction.

– Le tabarrouk c’est la recherche de bénédiction par les traces physiques d’un Prophète ou d’un être de vertu, tout en sachant, bien évidemment, que c’est Allâh ta’âlâ qui est Le Créateur de la guérison, du profit, de la barakah etc. Ainsi, le tabarrouk n’est pas une adoration d’autre que Allâh comme le considèrent à tord certains ignorants. Retrouvez d’autres articles au sujet du tabarrouk : ici.

– Le célèbre explorateur Ibn Battoûtah a également décrit la célébration du Mawlid à La Mecque :

  • Ibn Battoûtah a dit : « Le Qâdî (juge) de La Mecque est le savant, l’adorateur vertueux [de Allâh] Najmou d-Dîn Mouhammad fils de l’Imâm, du savant Mouhyi d-Dîn At-Tabari. C’est un homme honorable qui fait preuve de beaucoup de charité et de réconfort envers les visiteurs du Haram (enceinte sacrée) ; il a un excellent comportement et pratique beaucoup de tours rituelles (tawâf) en allant régulièrement voir la Ka’bah honorée. Il distribue beaucoup de repas dans les grandes occasions, particulièrement lors de la Commémoration du Mawlid du Messager de Allâh (صلى الله عليه وسلم). En cette occasion, il offre des repas aux Chérifiens (descendants du Prophète) de La Mecque, aux notables comme aux pauvres, à ceux qui travail au sein de La Mosquée Sacrée et à l’ensemble des visiteurs séjournant dans l’enceinte sacrée. » [Ar-Rihlah]
  • Ibn Battoûtah a dit également : « On ouvrait la porte de la Ka’bah tout les vendredi après la prière [du joumou’ah] et le jour du Mawlid du prophète (صلى الله عليه وسلم) » [Ar-Rihlah]

– De même le Chaykh Ibn Dhâhirah décrit la célébration du Mawlid à La Mecque en disant : « Une des coutumes de La Mecque est que chaque année, la nuit du 12 [du mois] de Rabî’ou l-Awwal, le juge (Qâdî) Châfi’ite de La Mecque se prépare à visiter ce noble lieu (l’endroit de la naissance du prophète) après la prière du Maghrib avec une immense assemblée, et parmi eux les trois autres juges [Hanafite, Malikite et Hambalite], et la plupart des plus grands spécialistes du fiqh (jurisprudence), les gens de vertu, et des familles nobles, avec des lampes et des bougies et beaucoup de monde… » [Al-Jâmi’ou l-Latîf]

– Le Mawlid compte de parmi les bonnes innovations que les savants de l’Islâm ont approuvé. Parmi eux :

– En quoi consiste le Mawlid ?

  • Du fait de rassembler les musulmans dans le bien : ceci est un bien dans la religion.
  • De récitation du Qour-ân : ceci est un bien dans la religion.
  • De Dhikr (évocation de Allâh) : ceci est un bien dans la religion.
  • D’éloge du prophète (صلى الله عليه وسلم)  : ceci est un bien dans la religion.
  • De cours et conférences religieuses : ceci est un bien dans la religion.
  • Du fait de s’inciter mutuellement à la piété : ceci est un bien dans la religion.
  • Distribuer des aumônes (nourritures et boissons) : ceci est un bien dans la religion.
  • D’invocations à l’égard de Allâh : ceci est un bien dans la religion.

– L’Imâm As-Souyoûti a d’ailleurs résumé tout cela en disant : « la commémoration de la naissance (Mawlid) à l’origine consiste en le rassemblement des gens, la récitation de ce qu’il est possible de réciter du Qour-ân, la narration des nouvelles rapportées au sujet du début de l’histoire du Prophète et ce qui est advenu comme signes à sa naissance, à la suite de quoi il leur est présenté de la nourriture qu’ils consomment puis partent sans rien ajouter à cela. Ceci compte parmi les bonnes innovations pour laquelle celui qui la fait sera récompensé, et ce, pour ce que cela comporte comme glorification du degré du Prophète (صلى الله عليه وسلم), et comme manifestation de joie et de réjouissance pour sa noble naissance » [Housnou l-Maqsid fi ‘Amali l-Mawlid].

– Le prophète (صلى الله عليه وسلم) a lui même enseigné qu’une innovation peut être bonne et récompensée par sa parole qui a pour sens : « Celui qui instaure dans l’Islâm une bonne tradition (sounnah) en aura la récompense et l’équivalent de la récompense de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs récompenses ne soient diminuées en rien ; et celui qui instaure dans l’Islâm une mauvaise tradition (sounnah) se chargera de son péché et de l’équivalent du péché de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs péchés ne soient diminués en rien. » [Rapporté par Mouslim].

– Quant au hadîth rapporté par Mouslim qui comprend les termes : ” وكل بدعة ضلالة ” (wa koullou bid’atin dalâlah), ce qui est visé par “koullou” dans ce hadîth est “la plupart” des innovations comme l’ont expliqués les savants de l’Islâm. [Voir la citation de l’Imâm An-Nawawi à ce sujet : ici].

– Consultez d’autres paroles de savants concernant les différentes sortes d’innovations : ici.

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