Qâdî ‘Iyâd : les deux témoignages sont indispensables pour être musulman

 

Dans son commentaire du sahîh Mouslim, l’Imâm An-Nawawi rapporte du Qâdî ‘Iyâd Al-Mâliki qu’il a dit :

« مذهب أهل السنة أن المعرفة مرتبطة بالشهادتين لا تنفع إحداهما ولا تنجي من النار دون الأخرى الا لمن لم يقدر على الشهادتين لآفة بلسانه أو لم تمهله المدة ليقولها بل اخترمته المنية»

« La voie de Ahlou s-sounnah c’est que la croyance par le cœur est liée à la reconnaissance par les deux témoignages, l’une n’est pas utile sans l’autre, et l’une ne sauve pas de l’enfer sans l’autre, sauf pour celui qui n’avait pas la capacité de dire les deux témoignages pour un défaut de sa langue ou qui n’a pas eu le temps de les dire et qui est mort sur le champs »

Informations utiles :

– L’Imâm, le Hâfidh (spécialiste de la science du Hadîth), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) Aboû Zakariyyâ Mouhyi d-Dîn Yahyâ Ibnou Charaf An-Nawawi est un savant de référence. Il est né en 631 et il est décédé en 676 de l’hégire (رحمه الله), c’est-à-dire il y a plus de 750 ans. C’est un savant dans l’école de jurisprudence Chafi’ite. Son commentaire du sahîh de l’Imâm Mouslim est une référence incontournable pour tout étudiant en science de la religion et pour tout savant.  Il a écrit d’autres livres tels que « Riyâd as-Sâlihîn » (le jardin des vertueux), et le recueil de 40 hadîth si connus.

  • Tâjou d-Dîn As-Soubki le surnommait « Chaykhou l-Islâm » [Tabaqâtou ch-Châfi’iyyah Al-Koubrâ]
  • Adh-Dhahabi a dit de lui : « Le Moufti de la Oummah, Chaykhou l-Islâm […] le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le Chafi’ite, l’ascète, l’un des étendards (de la religion)» [Târîkhou l-Islâm]. Il a dit également : « Le Chaykh, le modèle (qoudwah) […] le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), l’ascète, le pieux adorateur, le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le moujtahid versé dans l’adoration de son Seigneur, Chaykhou l-Islâm » [Siyar A’lâmi n-Noubalâ]
  • Ibn Kathîr a dit à son sujet : « Le Chaykh, l’Imâm, l’illustre savant (al-‘Allâmah), le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth) l’honorable Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) […] l’un des pieux adorateurs et ascètes»  [Tabaqâtou ch-Châfi’iyyah]

– Le Qâdî (juge) Abou l-Fadl ‘Iyâd Ibnou Moûçâ Ibnou ‘Iyâd al-Yahsoubi connu sous le nom de Qâdî ‘Iyâd, est un grand savant Malikite. Il est né en 476 à Ceuta et il est décédé en 544 de l’Hégire à Marrakech (Maroc) (رحمه الله) c’est-à-dire il y a plus de 950 ans.

  • Adh-Dhahabi a dit de lui : « L’Imâm, Al-‘Allâmah (l’illustre savant), le Hâfidh (le spécialiste de la science du hadîth), celui qui n’a pas de pareil, Chaykhou l-Islâm, le Qâdî (Juge)» et il a dit également : « Ses ouvrages sont précieux» [Siyar A’lâmi n-Noubalâ]
  • Ibn Bachkwâl a dit à son sujet : « Il était parmi les gens de science qui sont intelligent et qui ont une bonne compréhension » [Siyar A’lâmi n-Noubalâ]
  • Ibn Khallikân a dit de lui : « Il est l’Imâm du hadîth de son temps, et le plus connaisseur des gens de ses sciences, de la grammaire, la langue, la parole des arabes, leurs histoires, et les généalogies.» [Wafayâtou l-A’yân]

– Ici, Al-Qâdî ‘Iyâd explique qu’il est indispensable pour celui qui veut entrer en Islam de croire par son cœur et de prononcer les deux témoignages par sa langue.

– Il précise que l’une de ces deux choses là n’est pas utile et ne sauve pas de l’enfer sans l’autre, c’est-à-dire le fait de croire sans prononcer les deux témoignages, ou prononcer les deux témoignages sans y croire. Sauf dans le cas de la personne qui ne peut pas prononcer (comme c’est le cas de la personne muette) ou qui voulait entrer en Islam mais n’a pas eu le temps de les dires.

– Parmi les preuves de ce jugement, il y a le hadîth moutawâtir du prophète (صلى الله عليه وسلم) rapporté par Al-Boukhâri et Mouslim :

« …أمرت أن أقاتل الناس حتى يشهدوا أن لا إله إلا الله وأن محمدا رسول الله »

« … jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’est de dieu que Allâh et que Mouhammad est le messager de Allâh … »

– Voici d’autres paroles de savants à ce sujet :

  • L’Imâm Aboû Hanîfah a dit : « La foi consiste à reconnaitre par la langue [c’est-à-dire par la prononciation des deux témoignages] et à croire par le coeur… le fait de savoir, à lui seul [sans la prononciation des deux témoignages] n’est pas de la foi » [Dans son livre Al-Wasiyyah]
  • L’Imâm Ach-Châfi’i a indiqué comment l’apostat revient à l’Islam, en disant : « il doit témoigner qu’il n’est de dieu que Allâh et que Mouhammad est le Messager de Allâh, et il doit s’innocenter de toute croyance qui est contraire à l’Islâm. » [Rapporté par An-Nawawi dans Rawdatou t-Tâlibîn]
  • L’Imâm At-Tahâwi a dit : « La foi consiste à reconnaître par la langue [c’est-à-dire à prononcer les deux témoignages] et à croire par le cœur » [Dans son traité de croyance Al-‘Aqîdatou t-Tahâwiyyah]
  • L’Imâm Abou l-Mou’în Maymoûn An-Naçafi a dit : « La foi c’est reconnaître par la langue [c’est-à-dire à prononcer les deux témoignages] et à croire par le cœur à l’unicité de Allâh ta’âlâ » [Dans son livre Bahrou l-Kalâm]
  • Le Chaykh Ach-Chaybâni Al-Hanafi a dit : « Ach-Châfi’i, Mâlik, Ahmad, Al-Awzâ’i, Is-hâq Ibn râhawayh, Abou l-‘Abbâs Al-Qalâniçi et d’autres ont dit : la foi consiste à reconnaître par la langue [par la prononciation des deux témoignages] et à croire par le cœur … » [Dans son charh de la ‘Aqîdah At-Tahâwiyyah]
  • L’Imâm An-Nawawi a dit : « Les gens de la sounnah ont été en accord, que ce soit les spécialistes du hadîth (mouhaddithîn), les spécialistes du fiqh (fouqahâ), les spécialistes de la croyance (moutakallimîn) que le croyant qui est jugé comme étant des gens de la qiblah, qui ne demeurera pas éternellement en enfer, n’est autre que celui qui a cru par son cœur en la religion de l’Islâm, d’une croyance ferme ne comportant pas le moindre doute et qui a prononcé les deux témoignages. Et s’il a délaissé l’un des deux (la foi par le cœur ou la prononciation des deux témoignages) alors il ne fait pas partie des gens de la qiblah à la base, sauf s’il était incapable de prononcer à cause d’un défaut de sa langue, ou que la mort l’a emporté avant, ou autre que cela, alors dans ces cas il sera tout de même musulman. » [Charh Sahîh Mouslim]
  • L’Imâm An-Nawawi a dit aussi : « La voie vers laquelle la majorité des savants (al-joumhoûr) a tranché, est que la prononciation des deux témoignages est indispensable, l’entrée en Islam n’a pas lieu sans eux » [Dans son livre Rawdatou t-Tâlibîn]
  • L’Imâm An-Nawawi a dit également : « Et si sa mécréance était le fait de nier une obligation, ou de rendre permis une chose qui est interdite [avec les conditions qu’il a citées précédemment dans son chapitre], alors son Islam n’est pas valable jusqu’à ce qu’il dise les deux témoignages, et qu’il abandonne ce qu’il croyait » [Dans son livre Rawdatou t-Tâlibîn]
  • Le Chaykh Mouhibbou d-Dîn At-Tabari (694 h.) a dit : « La voie des gens de la sounnah, leur salaf ainsi que leur khalaf, est que la croyance dans le cœur est liée à la prononciation [par la langue] des deux témoignages : l’un des deux ne sauve pas de l’enfer sans l’autre » [Dans son livre Ghâyatou l-Ihkâm]
  • Le Chaykh Najmou d-Dîn Al-Asfoûni a dit : « Chapitre : concernant l’entrée en Islam de l’apostat et autre que lui, et le madh-hab est qu’il est indispensable pour cela qu’il dise les deux témoignages » [Rapporté par Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli dans ses Fatâwâ]
  • Le Chaykh Ibnou l-Mouqri a dit : « Chapitre : il est indispensable pour l’entrée en Islam de l’apostat et autre que lui qu’il dise les deux témoignages dans l’absolu » [Rapporté par Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli dans ses Fatâwâ]
  • Le Chaykh Al-Ardabîli Ach-Châfi’i a dit :  « Le repentir de l’apostat et l’entrée en Islâm du mécréant d’origine a lieu par le fait qu’il témoigne qu’il n’y a pas de divinité hormis Allâh et que Mouhammad est le messager de Allâh, qu’il s’innocente de toute religion en dehors de l’islam, et de toute croyance constituant de la mécréance, et il est indispensable qu’il prononce les deux témoignages, l’entrée en Islam n’a pas lieu sans eux » [Dans son livre Al-Anwâr]
  • Chaykhou l-Islâm Zakariyyâ Al-Ansâri a dit : « Il est indispensable pour l’entrée en Islam de l’apostat et autre que lui qu’il dise les deux témoignages » [Rapporté par Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli dans ses Fatâwâ]
  • L’Imâm Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli a dit : « Il est une condition pour l’Islâm de l’apostat et autre que lui, la prononciation des deux témoignages, en raison de ce qui a été rapporté d’authentique à ce sujet, comme le hadîth [qui signifie : ] « L’Islâm est fondé sur cinq principaux devoirs (dans lequel sont mentionné les deux témoignages) et le hadîth [qui signifie : ] « … jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’est de dieu que Allâh et que Mouhammad est le messager de Allâh » » [Dans ses Fatâwâ]
  • L’Imâm Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli a dit aussi : « La voie vers laquelle la majorité des savants (al-joumhoûr) a tranché, est que la prononciation des deux témoignages est indispensable, l’entrée en Islam n’a pas lieu sans eux » [Dans ses Fatâwâ]
  • L’Imâm Chihâbou d-Dîn Ar-Ramli a dit également : « La voie sur laquelle est la majorité des savants (al-joumhoûr) est que l’Islâm du mécréant n’est pas valable, qu’il soit apostat ou autre, sans la prononciation des deux témoignages » [Dans ses Fatâwâ]
  • Le Chaykh Zaynou d-Dîn Al-Malîbâri Ach-Châfi’i (m.987 h.) a dit : « L’Islâm de tout mécréant d’origine et de l’apostat a lieu par la prononciation des deux témoignages pour celui qui est en capacité de parler, et il n’est pas suffisant ce qu’il a comme foi dans son cœur » [Dans son livre Fathou l-Mou’în]
  • Le Chaykh Al-Bouhoûti Al-Hanbali (m.1083 h.) a dit : « Le retour à l’Islâm de l’apostat ainsi que le repentir de tout mécréant prônant l’unicité de Dieu comme les juifs ou ce qui ne le prône pas comme les chrétiens, les mazdéens, et les adorateurs d’idoles a lieu par le fait qu’il témoigne qu’il n’y a pas de divinité hormis Allâh et que Mouhammad est le messager de Allâh. Ceci est tiré du hadîth rapporté par Ibn ‘Oumar « Oumirtou an ouqâtila n-nâça hattâ yach-hadoû al-lâ ilâha illa l-Lâh wa anna Mouhammadan raçoûlou l-Lâh [jusqu’à la fin du hadîth…]» hadîth faisant objet de l’accord [entre Al-Boukhâri et Mouslim] et ceci confirme comment a lieu l’entrée en Islam du mécréant d’origine ainsi que de l’apostat. » [Dans son livre Kach-châfou l-Qinâ’]
  • Le Chaykh Abou l-Mountahâ Al-Hanafi a dit : « Dans la loi de l’Islâm, la foi consiste à reconnaitre par la langue [c’est-à-dire par la prononciation des deux témoignages] et à croire par le cœur … Celui qui veut faire partie de la communauté de Mouhammad (صلى الله عليه وسلم) [c’est-à-dire celui qui veut entrer en Islâm] alors il dit par sa langue « je témoigne qu’il n’est de dieu que Allâh et Mouhammad est le messager de Allâh » en croyant par son cœur au sens de cela, ainsi il devient un croyant» [Dans son charh du livre Al-Fiqh Al-Akbar]
  • Le Chaykh ‘AbdoulLâh Ibn Houçayn Ibn Tâhir (m.1272 h.) a dit : « Il est un devoir pour celui de qui est provenu une apostasie de revenir immédiatement à l’Islam par la prononciation des deux témoignages » [Dans son livre Soullamou t-Tawfîq]
  • Le Chaykh ‘AbdoulLâh Al-Harari a dit : « Sache aussi avec certitude que la foi et l’Islam ne sont pas valables et les bonnes œuvres ne sont pas acceptées sans les deux témoignages avec l’expression : « ach-hadou an lâ ilâha il-la l-Lâh, wa ach-hadou anna Mouhammadan raçoûlou l-Lâh » « Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allâh et je témoigne que Mouhammad est le messager de Allâh », ou toute expression qui a la même signification, même dans une autre langue que la langue arabe. Il suffit pour la validité de l’Islam de prononcer les deux témoignages une fois dans la vie et il reste un devoir de les prononcer dans chaque prière pour la validité de la prière, ceci concernant quelqu’un qui n’est pas sur l’Islam puis a voulu entrer en Islam. » [Dans son livre As-Sirâtou l-Moustaqîm]
  • Dans le livre ‘Aqîdatou l-Mouslimîn, ayant reçu l’approbation de la section des Fondements de la Religion (Ousoûlou d-Dîn) de l’Université de Al-Azhar, il est dit : « Question : Comment se fait l’entrée en Islâm ? Réponse : Par la prononciation des deux témoignages avec l’intention d’entrer en Islâm » [‘Aqîdah Al-Mouslimîn]

– D’ailleurs, certains savants ont indiqué dans leurs ouvrages que devient mécréant celui qui retarde quelqu’un qui souhaite entrer en islam. Cela indique que le simple fait de croire n’est pas suffisant pour être musulman, et qu’il est indispensable de prononcer les deux témoignages pour entrer en Islam.

  • L’Imâm An-Nawawi a dit à ce sujet : « Si un mécréant demande à un musulman d’être invité à l’Islâm, et que celui-ci lui dit « On verra plus tard », ou « Patiente jusqu’à demain », ou bien si ce mécréant demande à être invité à l’Islâm à quelqu’un en train de faire un discours, et que ce dernier lui répond « Assieds-toi jusqu’à la fin de l’assemblée », il devient mécréant. Et nous avons rapporté ce même jugement de la part de Al-Moutawalli» [Dans son livre Rawdatou t-Tâlibîn]

– Egalement, l’histoire de Aboû Tâlib, l’oncle paternel du prophète (صلى الله عليه وسلم), est une preuve de cela. Car Aboû Tâlib savait que Mouhammad est le messager de Allâh mais il a refusé de prononcer les deux témoignages et il est mort sur la mécréance.

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