L’Imâm Ibn Daqîq Al-‘Îd explique que les innovations ne sont pas toutes blâmables

Sujet : la bonne bid’ah (innovation).

charh arba'în an-nawawiyyah - ibn daqiq al 'id   Ibn daqîq al 'îd - bonne innovation bid'ah

Dans son commentaire des quarante hadîth de l’Imâm An-Nawawi, lorsqu’il explique le hadîth qui comporte les termes « وَ إِيَّـاكُـمْ وَ مُحْـدَثَاتِ الأُمُورِ، فَـإِنَّ كُـلَّ بِـدْعَةٍ ضَـلَالَة » [wa iyyâkoum wa mouhdathât al-oumoûr fa inna koulla mouhdathah bid’ah, wa koullou bid’ah dalâlah], l’Imâm Ibn Daqîq Al-‘Îd a dit :

« وقوله: « وإياكم ومحدثات الأمور » اعلم أن المحدث على قسمين:
محدث ليس له أصل في الشريعة فهذا باطل مذموم.
ومحدث بحمل النظير على النظير فهذا ليس بمذموم لأن لفظ « المحدث » ولفظ « البدعة  » لا يذمان لمجرد الاسم بل لمعنى المخالفة للسنة والداعي إلى الضلالة ولا يذم ذلك مطلقاً .
فقد قال الله تعالى: {مَا يَأْتِيهِمْ مِنْ ذِكْرٍ مِنْ رَبِّهِمْ مُحْدَثٍ} . وقال عمر رضي الله عنه: « نعمت البدعة هذه » يعني التراويح. »

« Et le prophète a dit : « wa iyyâkoum wa mouhdathât al-oumoûr » Sache que les innovations sont de deux sortes :
Il y a l’innovation qui n’a aucune origine dans la religion et cette innovation est fausse et blâmable.
Et il y a l’innovation qui est une analogie entre une chose nouvelle et quelque chose qui a une origine dans la religion, et celle-ci n’est pas blâmable.

Parce que le terme « bid’ah » et le terme « mouhdath » [qui signifie tout les deux : innovation, nouveauté] ne sont pas blâmé pour leur appellation d’innovation [c’est-à-dire par le simple fait que ce soit une innovation], Mais elles sont blâmable lorsqu’elles ont un sens contradictoire avec la Sounnah [croyance et lois de l’Islâm] et qu’elles appellent à l’égarement. Donc on ne les blâme pas dans l’absolu.

Allâh ta’âlâ dit : { مَا يَأْتِيـهِـم مِن ذِكْرٍ مِن رَبِّـهِـم مُحْـدَث } [qui est un verset dans lequel le terme « mouhdath » est employé au sujet des termes qui sont cités dans le Qour-ân et que l’on récite]

Et  ‘Oumar [Ibnou l-Khattâb] a dit : « Quelle bonne innovation que celle-là (ni’mati l-bid’ah hâdhihi)», en parlant des tarâwîh. »

Informations utiles :

– L’Imâm, Chaykhou l-Islâm, le Hafîdh (spécialiste de la science du Hadîth), Al-Faqîh (spécialiste de la jurisprudence) Taqiyyou d-Dîn Abou l-Fath Ibn Daqîq Al-‘îd est né en 625 à Yanbu (près de Médine) et il est décédé en 702 de l’Hégire au Caire (Egypte)  (رحمه الله), c’est-à-dire il y a plus de 700 ans. ll était de l’école de jurisprudence Châfi’ite. Il a écrit un commentaire très réputé des quarante Hadîth de l’Imâm An-Nawawi. Certains savants le considèrent comme le moujaddid (celui qui revitalise la science de la religion) du 7ème siècle.

  • Son Chaykh ‘Izzou d-Dîn Ibn ‘Abdi s-Salâm a dit à son sujet : « Les contrées Égyptiennes sont fiers de deux hommes aux deux extrémités du pays : Ibn Al-Mounayyir à Alexandrie et Ibn Daqîq Al-‘îd à Qus ».
  • Abou l-Fadâ a dit de lui : « Il est le juge des juges Châfi’ites des contrées Égyptiennes et il était un éminent Imâm ».
  • Ibn Sayyid an-Nâs a dit à son sujet : « Je n’ai jamais vu de semblable à lui».
  • Aboû Hayyân Al-Andalouçi l’a décrit comme : « Le Chaykh, le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), l’Imâm, le Savant sans pareil, pieux, le Moufti, le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth) considéré».
  • As-Soubki a dit à son sujet : « Le Chaykh, l’Imâm, Chaykhou l-Islâm, Al-Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), l’ascète, le pieux adorateur, le moujtahid moutlaq, celui qui a maîtrisé de manière complète les sciences Islamiques, et qui a rassemblé entre la science et l’application, et qui a emprunté la voix des maîtres anciens». Et il a dit aussi : « Nous ne connaissons personne parmi nos maîtres ayant divergé sur le fait qu’Ibn Daqîq Al-‘Îd est le moujaddid du septième siècle, dont il est question dans le hadîth du prophète, et qu’il fut le maître de son temps de par son savoir et sa droiture dans la religion»
  • As-Souyoûti a dit dans un vers de poésie dans laquelle il énumère les savants moujaddid : « Le septième : le très grand Ibn Daqîq Al-‘îd par accord des savants»
  • Ibn Battoûtah a dit à son sujet : « Le Qâdî (juge) des Châfi’ites, Taqiyyou d-Dîn Ibn Daqîq Al-‘Îd » [Ar-Rihlah]
  • Adh-Dhahabi a dit de lui : « Il est le juge des juges des contrées Égyptiennes, leur Chaykh et leur Savant, l’Imâm, l’illustre savant (al-‘Allâmah), le Hâfidh (spécialiste de la science du hadîth), le modèle (qoudwah), le pieux adorateur, le Chaykh de son époque ». Il a dit également : « Le moujaddid du septième siècle est notre maître Abou l-Fath Ibn Daqîq Al-‘îd»

– Ici, lorsqu’il aborde le hadîth comportant les termes « wa koullou bid’ah dalâlah » il explique que l’innovation qui est blâmable, c’est l’innovation qui contredit la religion, alors que l’innovation qui ne vient pas en contradiction avec la religion, celle-ci n’est pas blâmable. Il précise qu’on ne blâme pas une chose pour la simple raison qu’elle est une innovation. En effet l’innovation peut être bonne.

– Parmi ce qui indique cela, il y a la parole de ‘Oumar Ibnou l-Khattâb, le compagnon et second Calife (رضي الله عنه) : « ni’matou l-bid’ah » c’est-à-dire “Quelle bonne innovation”. Cette parole de ‘Oumar a été rapportée par l’Imâm Al-Boukhâri [Dans son Sahîh] et l’Imâm Mâlik [Dans Al-Mouwatta]. Et beaucoup de savants se sont appuyé sur cette parole de ‘Oumar pour confirmer qu’une innovation peut être bonne, parmi eux :

– Le prophète (صلى الله عليه وسلم) a lui même enseigné qu’une innovation peut être bonne et récompensée par sa parole qui a pour sens : « Celui qui instaure dans l’Islâm une bonne tradition (sounnah) en aura la récompense et l’équivalent de la récompense de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs récompenses ne soient diminuées en rien ; et celui qui instaure dans l’Islâm une mauvaise tradition (sounnah) se chargera de son péché et de l’équivalent du péché de ceux qui œuvreront avec après lui, sans que leurs péchés ne soient diminués en rien. » [Rapporté par Mouslim]

– Ainsi, le hadîth qui comprend les termes : ” وكل بدعة ضلالة ” (wa koullou bid’atin dalâlah) est un hadîth dont les termes sont générales mais dont le sens est restreint c’est-à-dire que ce ne sont pas toute les innovations -dans l’absolu- qui sont de l’égarement, mais il s’agit des innovations qui contredisent la religion. Ainsi ce qui est visé par “koullou” dans ce hadîth est “la plupart” des innovations comme l’ont expliqués les savants de l’Islâm. [Voir la citation de l’Imâm An-Nawawi à ce sujet : ici].

– Le Chaykh ‘Abdou l-Lâh Al-Ghoumâri a dit : « Les savants ont été en accord sur la classification des innovations en bonne et mauvaise, et sur le fait que ‘Oumar (رضي الله عنه) est le premier qui a parlé de cela, et ils ont été en accord sur le fait que la parole du prophète ” كل بدعة ضلالة ” (koullou bid’atin dalâlah) est un texte de portée générale mais dont le sens est restreint (‘âm makhsoûs)» [Itqânou s-San’ah]

– Consultez d’autres paroles de savants concernant les différentes sortes d’innovations : ici.

1 Commentaire

    • Oumar sur octobre 21, 2017 à 8:13 am
    • Répondre

    Choukran ! Précisions intéressantes de l’Imâm. L’islam est pérenne sa compréhension ne peut donc être que dynamique..

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