L’Imâm Ar-Râzi explique la parole « hâdhâ Rabbî » du prophète Ibrâhîm lors de sa vision de l’astre, de la lune et du soleil

Sujet : les prophètes sont préservé de la mécréance

tafsir al kabir ar-razi - tome 13   tafsir al-kabir ar-razi - ibrahim hadha rabbi p50   tafsir al-kabir ar-razi - ibrahim hadha rabbi p52

Dans son célèbre Tafsîr (exégèse) connu sous le nom de « At-Tafsîrou l-Kabîr » (tome 13 page 50 à 52 de cette édition) lors d’une longue explication des versets contenants les passages { فَلَمَّا جَنَّ عَلَيۡهِ ٱلَّيۡلُ رَءَا كَوۡكَبً۬ا‌ۖ قَالَ هَـٰذَا رَبِّى‌ۖ} (Falammâ janna ‘alayhi l-laylou ra-â kawkaban qâla hâdhâ rabbî) et : { بَازِغًۭا قَالَ هَٰذَا رَبِّى فَلَمَّا رَءَا ٱلْقَمَرَ } (Falammâ ra-a l-qamara bâzighan qâla hâdhâ rabbî) et : {فَلَمَّا رَءَا ٱلشَّمۡسَ بَازِغَةً۬ قَالَ هَـٰذَا رَبِّى} (Falammâ ra-a ch-chamssa bâzighatan qâla hâdhâ rabbî) [Soûrat Al-An’âm/76-77-78] , l’Imâm Fakhrou d-Dîn Ar-Râzi a dit :

« أن القول بربوبية النجم كفر بالإجماع والكفر غير جائز بالإجماع على الأنبياء»

« Le fait de prétendre la divinité pour un astre est de la mécréance par unanimité, et la mécréance est impossible par unanimité concernant les prophètes ».

Puis il dit dans le même tome en page 52 :

«لا يجوز أن يقال : إن إبراهيم – عليه السلام – قال على سبيل الجزم : هذا ربي»

« Il n’est pas permis de dire qu’Ibrâhîm (عليه السلام) aurait dit à titre d’affirmation [concernant l’astre, la lune et le soleil] : ceci est mon seigneur. »

Puis il dit :

«نقول قوله : ( هذا ربي ) معناه هذا ربي في زعمكم واعتقادكم»

« Nous disons que sa parole « hâdhâ rabbî » a pour sens : est-ce là mon seigneur selon votre prétention et votre croyance !? »

Puis il dit également :

«أن المراد منه الاستفهام على سبيل الإنكار إلا أنه أسقط حرف الاستفهام»

« Ce qui en est visé est l’interrogation dans le sens de la négation (une phrase interro-négative), mais la particule d’interrogation n’est pas mentionnée »

Informations utiles :

– Le Moufassir –exégète– Aboû ‘Abdoul-Lâh Mouhammad ‘Oumar Al-Houçayn Fakhrou d-Dîn Ar-Râzi est né en 543 et il est décédé en 606 de l’hégire (rahimahou l-Lâh) c’est-à-dire il y a plus de 830 ans. Il était du madh-hab (école de jurisprudence) de l’Imam Ach-Châfi’i. C’est un savant de référence et son oeuvre « At-Tafsîrou l-Kabîr » est l’un des tafsîr les plus célèbres et les plus répandus. Certains l’ont désigné comme le moujaddid du 6ème siècle de l’hégire (c’est-à-dire celui qui revitalise la science de la religion).

– Ici, il mentionne une règle qui est que les Prophètes sont préservé de la mécréance et ceci dans l’absolue, c’est-à-dire avant de recevoir la Prophétie tout comme après avoir reçu la Prophétie. Et ce jugement fait l’objet de l’unanimité.

– L’unanimité (ijmâ’) est une preuve dans la religion. En effet le prophète (صلى الله عليه وسلم) nous a enseigné que les savants de sa communauté ne seront jamais unanime sur un égarement, par sa parole « إنّ أُمَّتي لا تجتمع على ضلالة  » ce qui a pour sens : « Ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement. » [Hadîth sahîh (authentique) rapporté selon différentes versions par Al-Hâkim, At-Tirmidhi, Ibnou Mâjah, Aboû Dâwoûd et autres en des termes proches]. A ce sujet :

  • L’Imâm Al-Jouwayni a dit : « L’unanimité (Ijmâ’) de cette communauté (Oummah) est une preuve à elle seule, en raison de la parole du prophète : “لا تجتمع أمتي على ضلالة” [ce qui a pour sens : ] ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement » [Al-Waraqât]
  • L’Imâm An-Nawawi a dit : « Les fondements de la religion sont quatre : le Livre (le Qour-ân), la Sounnah, l’unanimité (ijmâ’) et le Qiyâs (des savants moujtahid).» [Al-Maqâçid]
  • Le Moufti de La Mecque, le Chaykh Ahmad Ibnou Zayni Dahlân a dit : « L’unanimité de la Oummah est une preuve dans la religion, comme l’a indiqué le prophète : “لا تجتمع أمتي على ضلالة” [ce qui a pour sens : ] ma communauté ne sera jamais unanime sur un égarement » [Dans son livre Fitnatou l-Wahhâbiyyah]

– Ensuite il explique la parole du prophète Ibrâhîm (‘alayhi s-salâm) : { هَـٰذَا رَبِّى} à trois reprises, en expliquant qu’il est impossible que le prophète Ibrâhîm ait considéré l’astre, la lune et le soleil comme seigneur, mais que sa parole signifie plutôt : « Est-ce là mon seigneur comme vous le prétendez ?! » C’est-à-dire qu’il s’agit là d’une phrase interro-négative.

– Le prophète Ibrâhîm (عليه السلام) n’a jamais eu pour croyance que cet astre, la lune ou le soleil est son Dieu et qu’il mériterait l’adoration.

– Ainsi nous disons que la parole du prophète Ibrâhîm au sujet de l’astre lorsqu’il l’a vu :  { هَـٰذَا رَبِّى} (hâdhâ Rabbî) c’est-à-dire : « Est-ce lui mon Seigneur ?! » a été dite à titre d’interrogation pour nier. C’est comme s’il avait dit : Est-ce lui mon Seigneur comme vous le prétendez ?!! Par ailleurs, lorsque cet astre s’est couché, il a dit : {لا أُحِبّ الآفِلين} (lâ ouhibbou l-âfilîn) c’est-à-dire qu’il n’est pas valable que cet astre ait la divinité, comment avez-vous donc cette croyance ?! Comme ils n’ont pas compris ce qu’il visait mais qu’ils ont persisté sur ce quoi ils étaient, il a dit la même chose quand il a vu la lune. N’ayant pas obtenu ce qu’il souhaitait, il leur manifesta son innocence de leur adoration et qu’il n’est pas valable d’attribuer la divinité à la lune. Comme il n’a pas obtenu ce qu’il attendait d’eux, il a dit lorsque le soleil est apparu {هذا ربي هذا اكبر } ce qui a pour sens  :  » Est-ce celui là le plus grand qui est mon Seigneur ?!  » c’est-à-dire selon votre prétention. Mais il n’a pas vu d’eux ce qu’il recherchait. Il a alors perdu espoir qu’ils comprennent ce qu’il voulait qu’ils comprennent, c’est-à-dire que ces trois astres ne méritent pas d’être adorés et il s’est innocenté de leur adoration d’autre que Allâh. Ensuite, il n’est pas resté avec eux mais il est parti en Palestine où il résida et y décéda.

– Concernant Ibrâhîm lui-même, il savait bien avant cela que la divinité n’est attribuable qu’à Allâh, preuve en est Sa parole ta’âlâ : {ولقد آتينا إبراهيم رشده من قبل} (wa laqad âtaynâ Ibrâhîma rouchdahou min qabl) qui signifie : « Nous avions accordé la bonne guidée à Ibrâhîm auparavant » [Soûrat Al-Anbiyâ /51].

– Il est ainsi désolant de trouver dans des ouvrages présentés comme étant des traductions du Qour-ân, des formulations qui viennent contredire l’unanimité des musulmans, et l’explication des spécialistes de l’exégèse du Qour-ân. Le prophète Ibrâhîm n’a jamais dit en voyant l’astre, la lune et le soleil : « Voici mon seigneur ! ». Croire en cela est un égarement manifeste. Et c’est cet égarement que l’on retrouve dans le livre de Sayyid Qoutb intitulé « At-Taswîrou l-fanni fi l-Qour-ân », en effet il a prétendu qu’Ibrâhîm aurait pensé que l’astre, la lune et le soleil étaient son seigneur.

1 Commentaire

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