Le Chaykh Al-‘Azzâmi explique la parole de l’Imâm Mâlik sur l’istiwâ de Allâh

Sujet : l’istiwâ de Allâh selon l’Imâm Mâlik

Fourqan al-Qour'an - Al-Qouda'i Al-'Azzami   al-'azzami - istiwa imam Malik - innovateur

Dans son livre «Fourqânou l-Qour-ân», concernant la parole « fauteur d’innovation » [صاحب بدعة] adressé par l’Imâm Mâlik à cet homme qui lui avait demandé « comment est l’istiwâ de Allâh », le Chaykh Al-Qoudâ’i Al-’Azzâmi explique en disant :

« [عن قول مالك لذاك الرجل « صاحب بدعة » : ] لأن سؤاله عن كيفية الاستواء يدل على أنه فهم الاستواء على معناه الظاهر الحسي الذي هو من قبيل تمكن جسم على جسم واستقراره عليه، وإنما شك في كيفية هذا الاستقرار. فسأل عنها، وهذا هو التشبيه بعينه الذي أشار إليه الإمام بالبدعة »

 « Parce que sa question sur le comment de l’istiwâ indique qu’il a compris l’istiwâ selon son sens apparent, physique, qui relève de l’emprise d’un corps sur un autre et de son établissement dessus, et qu’il n’a fait que douter sur le comment de cet établissement. Il a donc demandé à son sujet. Et c’est exactement cela l’assimilation (tachbîh) que l’Imâm Mâlik a pointé comme étant une innovation (bid’ah)»

Informations utiles :

– Le Mouhaddith, le Faqîh (spécialiste de la jurisprudence), le Chaykh Salâmah Al-Qoudâ’i Al-’Azzâmi Ach-Châfi’i est né en 1298 et il est décédé en 1376 de l’Hégire (رحمه الله). Il faisait parti des savants de l’Université Islamique Al-Azhar d’Egypte.

– Ici, lors de l’explication de l’histoire de cet homme ignorant qui a osé demander à l’Imâm Mâlik « comment est l’istiwâ de Allâh ? », il dit que justement si l’Imâm Mâlik a dit à cet homme qu’il est un mauvais innovateur et qu’il l’a fait sortir, c’est que la question de cet homme relevait de l’innovation blâmable. En effet, le fait qu’il ait demandé « comment ? » au sujet de l’istiwâ de Allâh est en soit une mauvaise innovation.

– Le comment (al-kayf) : c’est ce par quoi on décrit les créatures, c’est-à-dire les dimensions, le début, la fin, la couleur, l’endroit, la direction, la forme, la position assise, la proximité, le mouvement, le déplacement, le changement et tout ce qui fait partie des attributs des créatures. Allâh est exempt de tout cela.

– L’Imâm Al-Bayhaqi a bien résumé tout cela en disant au sujet de Allâh ta’âlâ : « Il est Celui Qui n’est pas soumis aux illusions de la kayfiyyah (comment, description physique) » [Dans son livre : Al-I’tiqâd]

– L’Imâm Mâlik a clairement dit que le comment au sujet de l’istiwâ de Allâh est inconcevable, c’est-à-dire que c’est un istiwâ sans comment (bilâ kayf). En effet, l’Imâm Mâlik n’a pas accepté que l’on demande « comment ? » au sujet de l’istiwâ de Allâh. Ceci nous confirme donc que l’istiwâ de Allâh n’est pas une position assise, ni un établissement, ni une installation, ni une élévation spatiale ni aucun autres sens qui font partie des attributs des créatures et qui sont concerné par le « comment » [kayf].

– L’Imâm Mâlik a dit également : « l’istiwâ n’est pas inconnu » (al-istiwâ ghayrou majhoûl) c’est-à-dire que l’istiwâ est connu car il est rapporté dans le Qour-ân, puis il a dit : « le comment n’est pas concevable »(al-kayf minhou ghayrou ma’qoûl) c’est-à-dire que le comment est exclu, impossible à Son sujet, à savoir que l’istiwâ dans le sens du comment, c’est-à-dire de l’attitude comme la position assise, n’est pas concevable : la raison ne l’accepte pas puisqu’il fait partie des caractéristiques des créatures. En effet, la position assise n’est valable que pour un être qui a des membres, c’est-à-dire un postérieur et des genoux, gloire à Allâh Qui est exempté de tout cela.

– Une autre version authentique proche de celle-ci est rapportée de Mâlik avec les termes (wa kayfa ‘anhou marfoû’) c’est-à-dire : « Dire “comment” est exclu à Son sujet ».

– La parole de l’Imâm Mâlik rejetant le « comment » au sujet de l’istiwâ de Allâh est rapportée avec une chaîne de transmission authentique. Elle a également été citée par :

  • Le Hâfidh Aboû Nou’aym dans « Hilyatou l-Awliyâ » ;
  • L’Imâm Al-Bayhaqi dans son livre « Al-Asmâ-ou wa s-Sifât », et aussi [Dans son livre  « Al-I’tiqâd »] ;
  • L’Imâm Al-Qayrawâni [Dans son livre « Kitâb Al-Jâmi’ »] ;
  • L’Imâm Al-Qourtoubi [Dans son Tafsîr] ;
  • L’Imâm Aboû Hayyân Al-Andalouçi [Dans son Tafsîr Al-Bahrou l-Mouhît]
  • Le Hâfidh Ibnou Hajar Al-‘Asqalâni dans son livre « Fathou l-Bârî charh Sahîh Al-Boukhâri » qui précise que la chaîne de transmission de l’Imâm Al-Bayhaqi est forte (jayyid) ;
  • Le Hâfidh As-Souyoûti dans son tafsîr « Ad-Dourrou l-Manthoûr fi t-Tafsîri bi l-Ma-thoûr »
  • et autres qu’eux.

– Le Hâfidh Az-Zabîdi a dit : « Ibnou l-Labân a dit dans l’explication de la parole de Mâlik : sa parole « Kayf ghayrou ma’qoûl » (le comment est inconcevable) : c’est-à-dire que le kayf (comment) fait parti des caractéristiques de ce qui entre en existence, et tout ce qui fait parti des attributs des choses entrées en existence, le fait de les attribuer à Allâh contredit la raison, de ce fait cela est catégoriquement renié pour Allâh ta’âlâ. Quant à sa parole : « wa l-Istiwâ ghayrou majhoûl » (l’istiwâ n’est pas inconnu) c’est-à-dire que son sens est connu par les spécialistes de la langue Arabe, et sa parole « wa l-îmânou bihi» (et y croire) c’est-à-dire selon ce qui est digne de Lui ta’âlâ, « wâjib» (est un devoir) car cela fait parti de la foi en Allâh et en Ses livres,  « wa s-sou-âlou ‘anhou bid’ah» (poser la question à ce sujet est une innovation) c’est-à-dire une nouveauté car les compagnons connaissaient son sens qui est digne d’être attribué à Allâh du point du vue de la langue, ainsi ils n’ont pas été amené à poser cette question» [It-hâfou s-Sâdati l-Mouttaqîn].

– Ainsi, la version propagée par les moujassimah (corporalistes), selon laquelle Mâlik aurait dit « le comment est ignoré » (al-kayfou majhoûl), cette version n’est pas vraie ; elle n’a été validée d’aucun des Salaf ; elle n’a pas été confirmée comme étant la parole de Mâlik ni de personne d’autre parmi les Imâm. L’Imâm Mâlik n’a pas dit « le comment est ignoré » (al-kayfou majhoûl). Cette version n’a aucune chaîne de transmission sur laquelle on puisse se baser et elle n’est pas conforme au tawhîd. En effet, le fait de dire que le comment est ignoré, cela insinue que Allâh aurait des attributs qui ont un comment (des caractéristiques des créatures), mais que nous ne saurions pas par lesquelles de ces caractéristiques Il serait attribué; et cela contredit le tawhîd. Cependant certains savants ont cité cette version dans leurs ouvrages en expliquant “al-kayf” par “al-haqîqah” c’est-à-dire Sa réalité, ainsi ils comprennent de cette expression que nul ne connaît la réalité de Allâh si ce n’est Allâh Lui-même.

– Le Chaykh Ahmad Zarroûq explique [dans son livre « Charh ‘Aqîdati l-Ghazâli »] que la version contenant les termes « al-kayfiyyatou majhoûlah » n’est pas authentique, car elle signifierait que le comment est inconnu. Cette parole impliquerait donc qu’il existe un comment mais que celui-ci serait ignoré, alors que l’Imâm Mâlik a justement voulu expliquer qu’il n’y a pas de comment.

– Ce qui confirme davantage la position de l’Imâm Mâlik, c’est ce que rapporte l’Imâm Al-Bayhaqi qui a dit : « [Les imâms] Al-Awzâ’i, Mâlik, Soufyân Ath-Thawri et Al-Layth Ibn Sa’d ont été questionné au sujet de ces hadîth (les hadîth moutachâbih – équivoques -), alors ils ont dit : Citez les comme ils sont parvenus, sans attribuer de comment (bilâ kayfiyyah) » [Dans son livre “Al-I’tiqâd”].

– De même l’Imâm Mâlik considérait le verset de l’istiwâ de parmi les moutachâbihât (textes équivoques). En effet, l’Imâm Aboû Mansoûr Al-Baghdâdi a dit : « Certains d’entre eux [c’est-à-dire les savants] ont dit que le verset de l’istiwâ est moutachâbih (équivoque), et ceci est l’avis de Mâlik Ibn Anas, des Fouqahâ de Médine et de Al-Asma’i » [Dans son livre Ousoûlou d-Dîn].

– Remarque importante : il y a une grande différence entre :

  • La parole des gens de la Sounnah qui disent que Allâh est sans comment (bilâ kayf), c’est-à-dire qu’Il n’est pas concerné par le comment, la description physique, comme cela a clairement été déclaré par les grands Imâm de la Oummah ;
  • et la parole des mouchabbihah (assimilateurs) qui se sont illusionné et qui ont pris pour croyance que Allâh aurait un comment mais que ce comment serait d’après eux ignoré, et qui disent : on ne sait pas comment. Ainsi, Ibn ‘Outhaymîn le wahhabite a contredit ouvertement les gens de la Sounnah en disant : « Nous ne nions pas à leurs sujets [les textes moutachâbihah] la kayfiyyah (comment, description physique) au contraire nous croyons qu’ils ont une kayfiyyah, mais nous n’avons pas connaissance de cette kayfiyyah» [Dans son livre intitulé “Charh al-‘Aqîdah Al-Wâsitiyyah”].

– Certains leaders de la mouvance sectaire wahhabite ont même prétendu textuellement que Allâh serait assis sur le trône. Article à consulter à ce sujet : Ar-Râjihi et Fawzân (wahhabites) prétendent que Allâh est assis sur le trône.

– Les wahhabites ont hérité cette croyance abjecte d’Ibn Taymiyah (moujassim) qui a également prétendu que Allâh serait assis. Article à consulter à ce sujet : L’Imam Abou Hayyan Al-Andalouçi dénonce l’égarement de Ibn Taymiyah.

– De plus, Il a été rapporté que l’Imâm Mâlik considérait mécréant ceux qui ont pour croyance que Allâh serait dans une direction ou qu’Il serait un corps [Rapporté par Al-Haytami] et [Rapporté par Al-Qâri] et [Rapporté par Mahmoûd As-Soubki Al-Azhari].

– Nous voyons également que le Chaykh Al-‘Azzâmi confirme que l’istiwâ de Allâh ne doit pas être compris au sens apparent et que par conséquent, l’istiwâ de Allâh n’est pas un établissement. Dans ce même ouvrage, il mentionne l’unanimité sur le fait que Allâh n’est pas dans un endroit ou une direction, en disant : « Les gens de la vérité parmi les savants du salaf et du khalaf sont unanimes sur le fait que Allâh est exempt de la direction et de l’endroit, et sur Son exemption de la partition, de la division, de la montée, de la descente, de la proximité, de l’éloignement, du déplacement, du mouvement, de l’immobilité et de tout ce qui est semblable à cela » [Retrouvez l’article : ici]

– Les savants de l’Islâm ont été unanimes sur le fait que l’istiwâ de Allâh n’est pas une position assise (jouloûss) ni un établissement (istiqrâr). Parmi eux :

Il n’est donc pas permis de traduire le verset  {الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى} (Ar-Rahmânou ‘ala l-’archi stawâ) et ceux qui sont similaires par le fait que Allâh serait établi sur le trône car cette explication est contraire au tawhîd (l’unicité de Allâh).

1 Commentaire

  1. قال الحافظ اللغوي محمد مرتضى الزبيدي في شرح « الإحياء » ما نصه: « وقال ابن اللبان في تفسير قول مالك، قوله : »كيف غير معقول » أي كيف من صفات الحوادث، وكل ما كان من صفات الحوادث فإثباته في صفات الله تعالى ينافي ما يقتضيه العقل، فيجزم بنفيه عن الله تعالى، قوله: « والاستواء غير مجهول » أي أنه معلوم المعنى عند أهل اللغة، « والإيمان به » على الوجه اللائق به تعالى « واجب » لأنه من الإيمان بالله وبكتبه » اهـ.

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